Le débat se focalise une nouvelle fois sur les fichés S, et les quelque 20.000 personnes inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Radouane Lakdim, à l'origine de l'attaque terroriste qui a fait quatre morts à Trèbes vendredi, était fiché S depuis 2014, et avait notamment été suivi en 2016 et en 2017. Et pourtant, rien n'indiquait qu'il s'apprêtait à passer à l’acte, a reconnu Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur. "Les services de renseignement français travaillent très bien depuis le début de l'année, trois attentats ont été déjoués. Le risque zéro, malheureusement, n'existe pas", a commenté pour sa part Frédéric Péchenard, vice-président Les Républicains de la région Île-de-France et ancien directeur général de la police nationale, invité lundi de la matinale d'Europe 1.
Affiner "le haut du spectre". "Dès le départ, en France, on a un atout fort : c'est que, contrairement à ce que l'on raconte, les signaux faibles sont parfaitement identifiés", assure ce spécialiste des questions de sécurité, qui estime cependant que l'arsenal des services de renseignement doit encore être affiné. "Le problème n'est pas un problème de décèlement, puisque tous les terroristes qui sont passés à l'acte dans les six dernières années sont connus des services de renseignement. Donc, le renseignement est parfaitement fait en France. C'est le haut du spectre qu'il convient d'améliorer", développe-t-il. En l'occurrence, "pour savoir, dans cette masse de 10.000, de 20.000 personnes, lesquels vont passer à l'acte".
Rétablir les perquisitions administratives. "Il faut prendre un certain nombre de mesures fortes", martèle l'élu, alors même que Laurent Wauquiez, le patron de sa famille politique, devrait réclamer lundi, à l'occasion d'une conférence de presse, le placement en détention administrative des fichés S les plus dangereux. "Il y a d'autres mesures, peut-être moins spectaculaires mais plus efficaces, qu'il faudra prendre", estime pour sa part Frédéric Péchenard, qui ne s'aventure pas à aller aussi loin que le président des Républicains, mais milite plutôt pour le rétablissement des perquisitions administratives, qui ont cessé avec la fin de l'état d'urgence. "Les perquisitions administratives, […] peuvent donner dans certains cas, à la police, le petit soupçon de plus qui va permettre l'ouverture d'une information judiciaire", assure-t-il.
Frédéric Péchenard réclame enfin un renforcement du renseignement pénitentiaire, mis en place à la fin du quinquennat de François Hollande, mais qu'il estime pour l'heure à un stade "embryonnaire".