"La guerre en Ukraine pourrait déclencher un ouragan de famine". Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, n'a pas mâché ses mots hier pour alerter la communauté internationale sur les conséquences désastreuses du conflit, qui menace aussi l'Afrique.
La Russie et l'Ukraine produisent un tiers du blé mondial
La Russie et l'Ukraine, gros producteurs de blé, de maïs et de colza, pèsent lourd dans le marché mondial. La guerre compromet donc ses exportations, au point que la famine menace 8 à 13 millions d'habitants. En effet, ce sont quatorze millions de tonnes de blé qui ne seront pas mis sur le marché d'ici le mois de juin : huit millions pour la Russie et six millions pour l'Ukraine. A eux deux, ces États produisent près d'un tiers du blé mondial. 26 pays y achètent plus de 50% de leur blé. C'est le cas de l'Egypte, premier importateur mondial avec treize millions de tonnes importées chaque année, mais aussi du Liban, du Yémen ou encore du Maroc, qui ne pourront pas débourser 400 euros par tonne de blé.
Risque de déstabilisation d'Etats déjà fragilisés
Des prix qui ont atteint depuis trois semaines des records historiques. Certains commencent déjà à rationner. C'est le cas dans certaines boulangeries au Liban, où le prix du pain a pris 20% en une semaine. Une augmentation due au prix du blé, mais aussi à la flambée des prix du pétrole transporté. S'éclairer et cuire coûte plus cher. De nombreuses ONG et observateurs craignent que cette envolée des prix ne déclenche, comme en 2011 en Egypte, des manifestations un peu partout dans le pourtour méditerranéen et ne finisse par déstabiliser certains de ces Etats déjà très fragilisés.