Le 22 août prochain, l'écrivaine Emilie Frèche sort son prochain roman, intitulé Vivre ensemble, publié aux éditions Stock. Dans cet ouvrage, l'auteure de 24 jours : la vérité sur la mort d'Ilan Hamili et Deux étrangers narre la vie chaotique d'une famille recomposée. Or, selon la journaliste de Gala Séverine Servat, le roman dépeint bel et bien la propre histoire qui les lie, en enfreignant donc le respect de la vie privée.
Une famille recomposée.Dans notre article publié mercredi, nous vous rappelions le contexte, nécessaire à la bonne compréhension de cette affaire, qui agite à la fois le monde littéraire et le monde politique. Séverine Servat, l'actuelle épouse de François de Rugy, le président LREM de l'Assemblée nationale, a entretenu il y a plusieurs années une relation avec l'ancien député socialiste Jérôme Guedj. De cette union est né un fils, aujourd'hui âgé de 11 ans. Après leur séparation, Jérôme Guedj s'est engagé sentimentalement avec l'écrivaine Emilie Frèche. L'enfant, en garde alternée, a donc vécu tantôt chez sa mère, tantôt chez son père et son actuelle épouse, elle-même ayant déjà trois enfants.
Une quarantaine de "points de ressemblance". La journaliste de Gala s'est procuré un exemplaire de Vivre ensemble, et y a reconnu son fils, baptisé "Salomon" dans l'ouvrage et "dépeint comme un monstre", dénonce-t-elle dans une interview accordée à L'Express. Quant au personnage de la mère (nommée MdeS dans l'ouvrage) qui, selon Séverine Servat de Rugy, n'est autre qu'elle-même, il est qualifié de "folle", "cinglée" et même "pute".
Le 17 juillet, Séverine Servat de Rugy a réclamé l'interdiction du roman, avant de trouver finalement un accord avec l'éditeur Stock et l'auteure. Mais elle se réserve le droit d'entamer des poursuites judiciaires. Dans l'assignation en référé, qu'Europe 1 a pu consulter, Maître William Bourdon, avocat de Séverine Servat, liste une quarantaine de "points de ressemblance" entre les personnages du roman et leurs supposées inspirations en citant, page après page du roman, des exemples précis de similitudes, concernant notamment l'état de santé de l'enfant. À la lecture de ce document de 38 pages, étayé de détails très précis du quotidien des protagonistes dans leur vie quotidienne - allant jusqu'à une capture d'écran de compte Instagram - on comprend l'enfance chaotique et douloureuse de ce jeune garçon.
"Les atteintes à la vie privée (…) sont massives, réitérées, alors même qu’elles sont relatives à la santé et à l'équilibre psychologique d’un enfant mineur", considère l'avocat, qui estime que "la quasi totalité de l'ouvrage" est concernée.
Des personnages proches des vrais protagonistes. "L'identification a été possible du fait de très nombreux détails donnés dans le livre par leurs caractéristiques personnelles et sur leurs vies", précise l'avocat. "Ainsi, pour tous (ceux qui ont pu lire le livre en avant-première), il était évident que Jérôme Guedj est Pierre et qu'Emilie Frèche est Déborah", deux autres protagonistes du roman, complète Me William Bourdon. "Il en est ainsi évidemment de certains membres de la famille de la demanderesse (sa mère, sa sœur et son mari)".
Des conséquences sur l'enfant ? Par ailleurs, compte tenu de la jeunesse et des antécédents du jeune garçon, Séverine Servat de Rugy craint les répercussions de la parution du roman sur son enfant. "La publication de l'ouvrage est susceptible d'entraîner des conséquences psychologiques dramatiques", alerte l'avocat. Pour le conseil et sa cliente, "la liberté de création et au-delà, la liberté d'expression, cèdent face à de graves et répétées atteintes au respect de la vie privée." Séverine Servat de Rugy et son avocat vont jusqu'à s'inquiéter d'"une possible adaptation cinématographique de l'ouvrage à l'avenir au vu de celle dont le livre Chouquette d’Emilie Frèche a fait l'objet."
De son côté, Emilie Frèche "a contesté" les atteintes à la vie privée, tout en admettant "avoir puisé une partie de son inspiration dans son vécu, notamment familial".