"On avait toute confiance, on le suivait", se souvient Stéphane Hoarau, victime d'une dizaine d'agressions sexuelles du père Preynat entre 1986 et 1989. "C'était le chef, on ne discutait pas ce qu'il demandait. Il imposait, par sa stature, une certaine autorité. Il avait ce charisme qu'il imprégnait aussi bien pour les adultes que pour les enfants", explique l'homme de 42 ans. De 1972 à 1991, le père Preynat a été une figure de l'Église lyonnaise. Il dirige alors les scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon. Le procès de Bernard Preynat, accusé d'agressions sexuelles sur dix mineurs dans les années 80-90, débute lundi à Lyon.
Stéphane Hoarau a subi les premières agressions sexuelles du prêtre dès l'âge de sept ans. "Il m'avait trouvé sur les marches de l'Église et m'avait posé des questions. Je crois que c'est à ce moment là qu'il a senti la possibilité de faire de moi sa proie parce qu'il a vu que j'étais seul et que j'attendais la famille d'accueil qui venait me chercher", raconte-t-il.
"Ce procès va peut-être servir à nous libérer et lui montrer qu'on a réussi à se reconstruire et à avancer"
"Les faits ont commencé à ce moment là. Sous prétexte de l'aider à ranger une salle, il m'a entraîné dans cette salle et il a commencé à me serrer contre lui, à me caresser, à m'enlever la ceinture et à me déboutonner", se remémore Stéphane Hoarau. "Il essayait de me caresser, de nous embrasser en même temps. Ça m'a volé toute mon enfance et même jusqu'à maintenant, on a encore des séquelles."
Lundi, lors du début du procès de Bernard Preynat pour lequel dix victimes se sont portées parties civiles, Stéphane Hoarau, va revoir son agresseur pour la première fois depuis 1989. "Je pense que je vais être très stressé, sur la retenue et sur la réserve. A un moment donné, on aura des réactions où on sera enfants envers lui en fait (sic)", envisage-t-il. "Ce procès va peut-être servir à nous libérer et à vraiment montrer qu'on n'est plus ces enfants-là. Et lui montrer qu'on a réussi à se reconstruire et à avancer", souligne Stéphane Hoarau.