Près de huit ans après l'électrochoc des attentats jihadistes contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, Ali Riza Polat a été de nouveau reconnu coupable de complicité des crimes des frères Saïd et Chérif Kouachi et d'Amedy Coulibaly, et condamné jeudi à la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité. "C'est un combat Charlie Hebdo, c'est un symbole, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse d'autre que de continuer à combattre ?", a réagi Richard Malka, avocat de la société éditrice de Charlie Hebdo et auteur de Le droit d'emmerder Dieu aux éditions Grasset.
"Mon rôle était de m'adresser à l'opinion publique"
En première instance, en décembre 2020, ce délinquant qui a toujours nié être un "terroriste" avait été condamné à trente ans de réclusion criminelle. La cour d'assises spéciale de Paris statuant en appel a alourdi cette peine, suivant les réquisitions du parquet général qui lui demandait de "protéger" la société d'un homme à la "dangerosité extrême" et d'"adresser un message clair" à ceux qui seraient "tentés d'aider un terroriste".
"Mon rôle comme avocat du journal Charlie Hebdo était de m'adresser à l'opinion publique, à la société", a expliqué Richard Malka au micro d'Europe 1. "On est tous fatigués parce que c'est une épreuve. Un procès comme celui-là dure six semaines, c'est épuisant physiquement, moralement, psychologiquement... Ça nous a tous beaucoup remué de revenir."
"Cette vision de l'islam est une idéologie totalitaire"
Pendant trois jours de terreur, du 7 au 9 janvier 2015, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly avaient porté le combat jihadiste sur le sol français, contre la liberté d'expression, les forces de l'ordre et la communauté juive, et tué 17 personnes, dont les caricaturistes Cabu et Wolinski. Leur périple meurtrier et coordonné avait pris fin avec leur mort lors d'un double assaut policier. "Cette vision qui est présente depuis les origines de l'Islam, qui s'oppose à une autre vision de l'islam qui veut éradiquer tous les autres courants de l'islam, est une idéologie totalitaire et comme toutes les idéologies totalitaires, il faut les dénoncer. Il faut dénoncer une idéologie totalitaire qui opprime les peuples, qui est une machine à dévorer les cerveaux, à soumettre, à empêcher la réflexion et qui mène au rigorisme, à la violence, à une interprétation complètement aberrante des textes, à des contre-sens sur le Coran qui fait dire n'importe quoi à ce texte sacré et surtout qui prive de liberté des dizaines de millions de personnes", a lancé l'avocat.
Ces attentats avaient marqué le début d'une funeste série d'attaques jihadistes, avec celle du 13 novembre 2015 dont le procès s'est achevé en juin et celle de la Promenade des Anglais à Nice le 14 juillet 2016, actuellement jugée dans le même palais de justice.