Après un faux départ lundi à cause de la grève des avocats, le procès de l'affaire Fillon a commencé ce mercredi. L'ancien Premier ministre, soupçonné d'emplois fictifs pour avoir rémunéré son épouse Pénélope en tant que collaboratrice à l'Assemblée, risque jusqu'à 10 ans de prison. Une première journée d'audience très procédurale et très tendue, qui a tonné le ton des prochains jours.
Des questions de procédure soulevées par la défense...
Dès l'ouverture de la séance, les premières amabilités ont été lancées. Les avocats du couple Fillon ont notamment accusé le parquet financier d’avoir précipité l’ouverture d’une instruction pour qu’une loi plus sévère s’applique. Une procédure accélérée qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu'en 1981, date de la première élection de François Fillon, alors qu'à quelques jours près ils allaient être limités à 12 ans, en vertu de la loi sur la prescription de mars 2017.
Me Pierre Cornut-Gentille, l'avocat de Pénélope Fillon, insiste même sur le fait qu'un juge a été désigné "un samedi", "du jamais vu", tonne-t-il.
...tandis que le parquet évoque une victimisation
Mais concernant les amabilités, le parquet n'a pas été en reste. "On a été naïfs de croire que la victimisation de la défense allait cesser pour faire place au droit", tacle ainsi le premier procureur financier, laissant le second insister sur la gravité du délit de détournement de fonds publics, puni de la peine correctionnelle la plus lourde, 10 ans de prison.
Le magistrat se permet même un saut au Moyen-âge pour rappeler que c’était alors un crime puni de la peine de mort par pendaison. Volontairement excessive, la comparaison a fait se redresser les trois prévenus d’un bond sur leur strapontin. Le procès est prévu jusqu'au 11 mars.