Devant le tribunal correctionnel de Paris, le procès de Jawad Bendaoud touche à sa fin. Place ce mardi aux réquisitions du parquet contre le logeur de Saint-Denis et les deux autres prévenus, poursuivis pour "recel de malfaiteurs terroristes" et "non-dénonciation de crime" pour le dernier. Après deux semaines d'audience, le débat tourne plus que jamais autour de cette question : les prévenus savaient-ils qu'ils avaient hébergé des terroristes du 13-Novembre ? Si la réponse est non, ils pourraient bien être relaxés.
"Terroriste ou imbécile" ? Le rôle de Jawad en particulier laisse certains dans le doute. La semaine dernière, ces mots ont résonné dans la salle d'audience. Dans son fauteuil roulant, Bilal Mokono, blessé au Stade de France, prend la parole : "J'avais besoin de savoir s'ils étaient des terroristes ou des imbéciles. Jawad est un imbécile. Il m'a convaincu qu'il n'était pas au courant". A chacun sa perception, Patricia Correia, qui a perdu sa fille au Bataclan, ne croit pas, elle, aux dénégations de Jawad Bendaoud : "Il essaye de nous balader en nous parlant tout le temps de l'économie souterraine de la cité, de la drogue, de la prostitution. Il veut noyer le poisson ! S'il y a une relaxe pour Jawad Bendaoud, c'est une plaisanterie", tranche-t-elle.
"La relaxe n'est pas un spectre". Pourtant, Jawad Bendaoud est justement le seul dont la culpabilité semble diviser les victimes. Maître Claire Josserand-Schmidt préfère d'ailleurs mettre en garde ses clients contre la possibilité d'une relaxe : "La relaxe n'est pas un spectre, c'est une possibilité. Moi, je préviens mes victimes. Pour Jawad Bendaoud, je fais partie d'un groupe d'avocats convaincus de sa culpabilité. Maintenant, ce n'est pas un secret, même sur les rangs de la partie civile, il n'y a pas forcément d'unité. La question de la relaxe se pose peut-être un peu pour Jawad Bendaoud, mais j'ai dit un peu." D'où l'importance pour le parquet d'enfoncer le clou ce mardi et de souligner les incohérences du prévenu, en attendant les plaidoiries de la défense.