Procès Merah : le témoignage attendu de Loïc Liber, le "para" rescapé de Montauban

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Salomé Legrand avec A.H.
Le 15 mars 2012, Loïc Liber est tombé sous les balles de Mohamed Merah, devant sa caserne militaire de Montauban. Ses deux collègues sont morts, lui a survécu. Il est aujourd'hui tétraplégique.

La journée s'annonce intense au procès d'Abdelkader Merah, le grand frère de Mohamed Merah, devant la cour d'assises spécialement constituée de Paris. Mercredi, les familles des sept victimes du terroriste de Toulouse et Montauban vont prendre la parole. On le sait moins, mais deux personnes ont survécu à ces attaques : Brian Bijaoui, 20 ans aujourd'hui, touché d’une balle au thorax à l’école juive, et Loïc Liber, militaire du 17e régiment du génie parachutiste, grièvement blessé à Montauban.

Un témoignage difficile. Depuis le début du procès, il suit les audiences en visioconférence depuis sa chambre d'hôpital des Invalides. C'est par ce même moyen qu'il témoignera en début d'après-midi. "On pourra l'entendre mais pas le voir. Le président voulait qu'il vienne témoigner mais il n'en a pas la force, il n'est pas prêt à se montrer", indiquait son avocate Laure Berges-Kuntz à L'Express, début octobre.  

Cloué dans un fauteuil. Le 15 mars 2012, Mohamed Merah est arrivé dans son dos alors qu'il sortait de sa caserne de Montauban pour déjeuner avec deux collègues, deux copains, Mohamed Legouad et Abel Chennouf. Les deux militaires sont tués sur le coup. Le caporal-chef Liber, lui, a survécu aux deux balles qui l'ont traversé. À 34 ans, il est aujourd'hui tétraplégique, ne bouge que la tête et les épaules, très légèrement. Les neuf premiers mois de son calvaire, Loïc Liber ne pouvait plus parler. Aujourd'hui, après plusieurs opérations lourdes, il est encore sous assistance respiratoire, cloué dans un fauteuil à l'hôpital des Invalides. Les médecins ignorent toujours s'il pourra remarcher un jour.

Le souvenir d'un passé heureux. Dans sa chambre d'hôpital, les murs sont tapissés de photos du passé : lui en uniforme ou à l'entraînement avec ses compagnons. Au-dessus de son lit, le parachutiste a accroché son béret rouge, marque indélébile de sa vie passée de soldat. Cette carrière militaire, Loïc Libet en a rêvé. C'est pour devenir "para" qu'il a quitté son île natale, la Guadeloupe. "Auparavant, j’étais debout, j’avais une force incroyable, je me sentais bien dans mon corps. Désormais, je suis engagé dans un nouveau combat. Je me bats avec moi-même, comme je peux", confiait-il au Parisien début octobre. 

"S'accepter tel qu'il est". Eric, un ami, lui rend visite régulièrement : "Quand Loïc s'est découvert ainsi, je pense qu'il a eu du mal à s'accepter. Mais il a fait beaucoup, beaucoup de progrès, et aujourd'hui, il parle. Il fait face à ce handicap. Sa plus belle victoire est de s'accepter aujourd'hui tel qu'il est", soutient-il au micro d'Europe 1. "Loïc rêve simplement d'avoir une vie sociale comme tout le monde, malgré le handicap. Il est toujours présent, et il se bat toujours". Si le moral flanche souvent, un simple appel de ses proches en Guadeloupe suffit à lui redonner le sourire. L'ancien para continue de rêver que son état de santé lui permette, un jour peut-être, de rentrer à la maison.