Vêtu d'un costume sombre, le jeune homme n'a plus rien de son look de skinhead. Très ému, Esteban Morillo, l'un des principaux accusés au procès de la mort de Clément Méric, le jeune militant antifasciste tué lors d'une rixe en plein Paris, en 2013, a raconté sa version des faits mardi, devant les assises.
"J'étais surpris, bloqué". La voix tremblotante, Esteban Morillo semble un peu perdu, voire dépassé par la tragique issue de la bagarre. "J'ai donné un coup de poing à Clément Méric pour le repousser, puis un deuxième et il s'est effondré", explique-t-il. "J'étais surpris, bloqué. Pour moi il était K.O. et il se réveillerait cinq minutes plus tard."
Devant la cour, Esteban Morillo dit aussi sa panique lorsque son mentor de l'époque, Serge Ayoub, figure controversée de l'extrême droite, lui a appris que Clément Méric était mort. Surnommé "batskin", le quinquagénaire n'a cessé d'être en contact avec les accusés juste avant et après la bataille.
L'ombre de Serge Ayoub. Mardi après-midi, la cour doit entendre ce fameux mentor, dont l'influence sur le groupe de jeunes skinheads reste floue. Après la rixe mortelle, ils s'étaient réfugiés au Local, le bar associatif d'Ayoub, devenu un carrefour de l'extrême droite parisienne. Il a depuis fermé.
Esteban Morillo et Samuel Dufour, jugés depuis une semaine pour coups mortels en réunion et avec arme, encourent 20 ans de prison. Un troisième skinhead, Alexandre Eyraud, comparaît pour violences et risque cinq ans d'emprisonnement.