Le préfet de La Réunion a saisi mercredi le procureur de la République après les propos injurieux mardi de Brigitte Bardot à l'encontre des Réunionnais dans une lettre ouverte relative à la maltraitance animale.
Dans cette missive signée de Brigitte Bardot et envoyée par sa Fondation, l'ancienne actrice de 84 ans, déjà condamnée à cinq reprises pour incitation à la haine raciale, notamment pour des propos tenus contre les musulmans, affirme que "les autochtones ont gardé leurs gênes (sic) de sauvages", accusant les Réunionnais de "barbarie" à l'encontre des animaux. Elle évoque pêle-mêle "des réminiscences de cannibalisme des siècles passés", "une population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leurs souches".
Des propos constitutifs d'un délit, selon le préfet de La Réunion
"Cette lettre comporte des termes injurieux et racistes à l'égard des habitants de La Réunion", indique le préfet dans un communiqué, en condamnant "fermement" ces propos "inacceptables". "Cette lettre étant susceptible d'être constitutive d'un délit, le préfet de La Réunion a saisi ce matin le procureur de la République de Saint-Denis au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale", a-t-il ajouté.
L'article 40 dispose que "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République".
Des injures largement dénoncées
La ministre des Outre-mer, qui se trouvait mardi à La Réunion, avait aussitôt condamné les termes injurieux du courrier, et annoncé qu'elle s'associerait à une plainte déposée par le préfet. Plusieurs élus réunionnais et d'Outre-mer, ainsi que certains de métropole, ont également dénoncé ce courrier.
La porte-parole du MoDem Sarah El Haïry a de son côté déploré des "propos d'un racisme profond" qui "montrent que certains soutiens de Marine Le Pen ont toujours cette même idéologie haineuse des races et de la supériorité des unes sur les autres".
Le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier a également réagi : "les Réunionnais sont citoyens français et méritent le respect. Je soutiens pleinement l'indignation et la réaction d'Annick Girardin", a-t-il tweeté.
Pour le Conseil représentatif des Français d'outre-mer (Crefom), "ce sont clairement des injures à caractère raciste". "Les 'cannibales', les 'barbares', les 'dégénérés' et les 'sauvages' c'étaient les esclavagistes comme ce sont celles et ceux qui relaient aujourd'hui les préjugés sur lesquels reposaient le crime [de l'esclavage]. Le prétexte de la lutte contre la maltraitance animale n'autorise personne à tenir impunément des propos racistes aussi abjects sur une population ayant subi dans le passé une telle violence", fait valoir le Crefom.
Le gouvernement condamne
Interpellé par le député de la Réunion Jean-Hugues Ratenon (LFI), qui a fait part de son "indignation" lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le secrétaire d'Etat chargé du Logement Julien Denormandie a condamné "au nom du gouvernement, de la manière la plus solennelle possible, de la manière la plus ferme possible, ces propos indignes".
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a, lui, assuré que "l'ensemble de cet hémicycle ne peut avoir qu'un sentiment de mépris" à l'égard de ces propos, sous les applaudissements debout de l'ensemble des députés.
Le député Ratenon a annoncé mercredi matin avoir déposé plainte pour "injure publique".
De nombreux élus et parlementaires réunionnais et d'Outre-mer, ainsi que certains de métropole, ont condamné ce courrier. Pour la secrétaire d'État Marlène Schiappa, Brigitte Bardot fait "de l'anthropologie de comptoir (...)". "Il ne faut rien laisser passer en matière de racisme", a-t-elle déclaré sur Europe 1.