Le rachat de Twitter par Elon Musk, une bonne nouvelle pour la liberté d'expression ? Rien n'est moins sûr pour le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven. Il était l'invité de la matinale d'Europe 1. "Je ne revendique pas une liberté d'expression totale", a-t-il d'abord commencé. Citant en exemple ses différends avec le journaliste Taha Bouhafs, pour lesquels il est actuellement en attente de jugement pour "injure publique", le philosophe a rappelé qu'il ne l'a pas "traité de sale arabe, et il ne m'a pas traité de sale juif" : "Ceci relève d'une limite absolue à mes yeux, et je considère qu'on est plus libres dans un pays où des propos comme ceux-là sont interdits."
"La liberté absolue, c'est la loi du plus fort"
Selon lui, c'est "tout le problème que pose Elon Musk" : "La liberté absolue, ce n'est pas la liberté, la liberté absolue, c'est la loi du plus fort", a-t-il estimé, en donnant plusieurs exemples. "En matière de pandémie, ne pas mettre son masque au nom de la liberté, c'est contaminer l'autre. Ne pas se faire vacciner, c'est être dangereux de la même manière." Selon lui, "en matière d'opinion, considérer qu'on peut avoir le droit de tout dire, c'est la liberté du renard dans le poulailler".
Qui doit être l'arbitre sur les réseaux sociaux ? L'Union européenne a déjà annoncé que l'homme d'affaires Elon Musk "devra s'adapter totalement aux règles européennes", quelles que soient les orientations du nouvel actionnaire concernant la liberté d'expression. Raphaël Enthoven a rappelé au micro de Sonia Mabrouk qu'il existe le Digital Services Act, une législation européenne sur les services numériques qui entrera en vigueur en 2023. "Dans un an, les plateformes seront responsables des contenus qu'elles produisent", explique-t-il, en assurant que "c'est très important".
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Le Twitter de Musk, "une perspective liberticide"
"Je ne vois pas de bien-pensance dans le constat qu'il y a quelque de chose de liberticide dans une liberté totale", a asséné l'essayiste, interrogé sur les réactions suite au rachat de Twitter. "S'il y avait une égalité des chances, si chacun avait les mêmes armes au départ pour dire ce qu'il veut, pourquoi pas. Mais là, ce n'est pas le cas", assure Raphaël Enthoven.
Selon lui, "Elon Musk terrorise les journalistes" qui parlent de ses sociétés Tesla ou SpaceX. D'après l'essayiste, "ces pratiques-là, dans le Twitter d'Elon Musk, deviendront monnaie courante". Et de conclure : "C'est une perspective liberticide et non pas libérale."