Rachida Dati veut moduler le Pass Culture en faveur des plus modestes

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avec AFP // Crédit photo : LUDOVIC MARIN / AFP
La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite moduler la somme offerte aux jeunes avec le Pass Culture pour privilégier les plus modestes et les classes moyennes, s'éloignant du modèle imaginé par Emmanuel Macron, dont les effets sont contestés.

La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite moduler la somme offerte aux jeunes avec le Pass Culture pour privilégier les plus modestes et les classes moyennes, s'éloignant du modèle imaginé par le Président Macron, dont les effets sont contestés. La ministre a aussi annoncé, dans une tribune sur le site internet du Monde vendredi, qu'elle souhaite réserver une partie de la subvention, qui s'élève à 300 euros par jeune de 18 ans, aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'un pourcent de leurs dépenses.

"Nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin"

Les jeunes choisissent jusqu'ici librement comment ils dépensent l'argent du Pass Culture, ce que déplorent de nombreux acteurs de la culture. De fait, ils privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quart des dépenses. La rue de Valois, qui s'estime relativement épargnée par l'effort budgétaire demandé en 2025 avec 4,45 milliards d'euros (stricte reconduction du montant alloué par la loi de finances initiale l'an dernier), cherche aussi à faire des économies sur le Pass Culture, mesure phare de la politique culturelle initiée par Emmanuel Macron, pour financer ses priorités.

De nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public puisque les chèques faits aux jeunes coûtent quelque 210 millions d'euros par an, de rater sa cible, en arrosant toute une classe d'âge, même ceux qui ont déjà les moyens ou l'habitude de consommer de la culture, sans inciter les jeunes à aller vers des spectacles ou des œuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés sinon.

 

Pour y remédier, de premières réformes ont déjà été menées, l'Etat créant une "part collective" dépensée via les enseignants pour des achats culturels et sorties dans le cadre scolaire. Mais "la part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale", constate la ministre dans sa tribune, s'appuyant sur deux rapports gouvernementaux qui ont pointé les limites du Pass Culture.

"Sans renoncer à l'universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin", poursuit-elle, en donnant "davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes". Elle souhaite également réduire la part individuelle, directement versée aux jeunes, au profit des sommes qui permettent d'améliorer "la diversification des publics et des pratiques". Étrenné en 2019-2020, le Pass Culture a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une grande majorité de chaque classe d'âge.