La tolérance envers les minorités s'améliore en France mais certains groupes restent "stigmatisés", notamment les populations roms, affirme la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), dans son rapport annuel publié lundi. "Depuis 2015, le niveau de tolérance semble poursuivre sa progression", souligne Jean-Marie Burgubur, président de cette institution, dans ce rapport sur "l'état des lieux du racisme" remis à la ministre déléguée chargée de la Diversité, Isabelle Lonvis-Rome.
"Les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique"
Dans ce document, est publié, chaque année depuis 2008, un "indice de tolérance", calculé par Vincent Tiberj, un des chercheurs de l’équipe, à partir d'enquêtes en ligne et en face-à-face réalisées par la CNCDH. Cet indice s’établissait, en 2022, à 68 (sur une échelle allant jusqu'à 100, niveau maximum de tolérance), soit deux points de plus qu'en 2019 et 14 de plus qu'en 2013. Pour autant, "les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique", selon Jean-Marie Burgubur.
À partir de ses enquêtes, la CNCDH note que des préjugés racistes ont la vie dure, même si certains sont en recul. Ainsi, 38 % des Français pensent que "l’islam est une menace contre l’identité de la France" (contre 44,7 % en 2019) ou encore 45 % pensent que "les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics" (48,2 % en 2019). Et 37 % affirment que "les Juifs ont un rapport particulier à l’argent", en hausse par rapport à il y a deux ans (34,1 %).
La Commission réclame "un engagement du gouvernement"
La CNCDH formule douze recommandations "prioritaires" : mettre en place "des modules obligatoires dans la formation continue des enseignants portant sur la lutte contre le racisme", adopter un "plan d'action national sur la formation à la citoyenneté numérique", ou encore mieux former le personnel de police et de gendarmerie ou les magistrats au contentieux raciste.
La Commission réclame par ailleurs des "moyens humains et financiers consacrés à la lutte contre l'anti-tsiganisme", avec un "engagement du gouvernement pour faire évoluer le regard et les pratiques vis-à-vis des populations roms". Elle recommande en particulier l'instauration d'une "trêve scolaire afin de prévenir toute rupture de scolarisation liée à une expulsion". 1.330 expulsions de lieux de vie informels ont eu lieu en 2021.