C'est un concept venu tout droit de la Suède. Avec &Repeat, vous êtes rémunéré pour le tri de vos déchets. Une façon de récompenser les consommateurs pour leur geste citoyen. Quel est le concept ? Un emballage à usage unique, un QR code, une application, une poubelle et le tour est joué. Avec l'argent récolté, vous pouvez passer de nouvelles commandes auprès des restaurants partenaires ou via l'application Deliveroo.
En mars dernier, le cofondateur Tor Espen Steinvik inaugure son application sur la péniche Fluctuart, amarrée les quais du 7e arrondissement de Paris. À cette occasion, un foodtruck est installé à deux pas de la Seine, lieu très fréquenté par les Parisiens. L'occasion idéale de tester le fameux système de cashback avec une commande de houmous et de pain, servis deux emballages en carton sur lesquels est collé le fameux QR code.
Après dégustation, direction la poubelle de recyclage floquée &Repeat. Le récipient propose trois choix : "plastique", "carton" ou "déchets alimentaires". Pour récolter son dû, il suffit de scanner l'emballage, de se géolocaliser à l'aide de son smartphone et de le jeter dans le compartiment à carton. Le portefeuille affiche désormais cinq euros - la première récompense est alléchante, mais à partir de maintenant, chaque emballage me rapportera "seulement" 0,60 centimes. Une somme qui reste alléchante pour un geste (supposé) naturel.
Un système sans limites qui fonctionne avec toutes les poubelles publiques, mais aussi avec sa propre poubelle de recyclage, à domicile, à une seule condition : la prendre en photo avec l'emballage. Les équipes de &Repeat se chargent de valider le cashback.
Objectif ? Convertir les citoyens au recyclage
L'idée de récompenser le recyclage part de deux constats : le recyclage n'est pas démocratisé dans la Vente à Emporter (VAE) et de la livraison. Et l'urgence climatique est bel et bien là : en 2019, 460 millions de tonnes plastiques ont été produites dans le monde, générant 353 millions de tonnes de déchets. Moins de 10% sont actuellement recyclées et 22% abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans l'environnement, indiquait l'OCDE.
"On veut aller chercher les gens qui ne recyclent pas", explique le directeur France de &Repeat Nicolas Piffeteau à Europe 1. "On veut les pousser à changer de comportement et à assimiler les bons gestes au quotidien. Et pour y parvenir, on les appâte avec une récompense financière."
Accroître le profit des restaurants
Et pour se faire entendre, &Repeat collabore avec Not So Dark, leader européen des "Dark Kitchen", traduisez restaurants virtuels ou cuisines fantômes. On y retrouve les marques Gaïa, Coquillettes, Como Kitchen ou encore Vgedal implantées à travers 300 restaurants virtuels dans 60 villes en France et Belgique. Pour déguster une bonne Margherita, &Repeat a choisi les marques de Tripletta, Bagelstein pour les bagels et Sushi Yama pour la gastronomie asiatique. "Certains emballages ne sont pas recyclés, tel que le plastique noir des sushis à emporter", plaide Nicole Piffeteau. "Il y encore du travail. Il faut créer de nouveaux matériaux, mais aussi accompagner les consommateurs qui ne savent pas toujours si tel emballage ou tel film plastique est recyclable."
Du travail main dans la main avec les professionnels de la restauration. Aujourd'hui, &Repeat veut être plus attractif d'un point de vue business. "On cherche à développer un système de commande directement depuis notre application pour faciliter la dépense des crédits et ainsi créer plus de valeur pour les restaurants", détaille Nicolas Piffeteau. "Puis, l'avantage pour les marques est qu'être référencé &Repeat est un gage de un label vert." En sept mois, &Repeat a conquis 15.000 utilisateurs. Une belle lancée, mais encore du chemin à parcourir pour rattraper son grand frère suédois, qui en compte 80.000.