Quelque 200 avocats en robe bloquaient mardi matin le palais de justice de Lille pour protester contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle (AJ), a constaté un journaliste de l'AFP.
"Taubira m'a tuer". Réunis depuis 8h, ils tentaient d'empêcher l'accès au tribunal, afin qu'aucune audience ne puisse se tenir. Leur action est prévue jusqu'à 19h. "Taubira est foutue, le barreau est dans la rue!", "Macron démission!", ont scandé les avocats. "Taubira m'a tuer" (sic), "Avocats écrasés par l'Etat", pouvait-on lire aussi sur des pancartes. "Le mouvement s'amplifiera, sera de plus en plus radical et de plus en plus national tant que Madame Taubira ne retirera pas son projet et tant qu'elle ne formulera pas des propositions sérieuses, et non pas des proposions de mensonges", a prévenu Vincent Potié, le bâtonnier de Lille, devant le tribunal.
Ce que prévoit la réforme. L'aide juridictionnelle permet aux plus démunis d'accéder aux services d'un avocat. La garde des Sceaux a présenté une réforme de l'AJ qui prévoit notamment un relèvement du plafond de revenus pour les bénéficiaires, une refonte du barème de rémunération des actes et une participation des barreaux au financement. Pomme de discorde avec la profession, l'article 15 du projet de loi de finances voté jeudi soir qui prévoit, entre autres, un prélèvement de cinq millions d'euros en 2016 et dix millions d'euros en 2017 sur les intérêts de fonds placés dans des caisses (Carpa) gérées par les avocats.
Les avocats réunis à Lille ont fustigé un "passage en catimini" de cet article. "Il y a une forme de désespérance à se dire que les personnes les plus démunies ne seront pas défendues", a de son côté déclaré Florian Borg, président du Syndicat des avocats de France (SAF). Le mouvement national de grève contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle était suivi lundi par 141 des 164 barreaux de France.
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