Au moins 800.000 personnes sont descendues dans la rue, jeudi, partout en France, et des secteurs entiers d'activité ont tourné au ralenti dans le cadre d'une mobilisation massive contre la réforme des retraites. La CGT annonce plus de 1,5 million de manifestants dans tout le pays et 250.000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur a recensé de son côté 806.000 manifestants, dont 65.000 dans la capitale. Le cabinet Occurrence, qui travaille pour un collectif de médias, a dénombré 40.500 manifestants depuis un point de comptage sur le parcours du défilé parisien, un chiffre susceptible d'avoir été affecté par les heurts ayant conduit certains manifestants à modifier leur itinéraire.
Forte mobilisation à Paris et en région
À Paris, le départ de la manifestation parisienne, prévu à 14 heures de la gare du Nord pour rallier la place de la Nation, a été retardé en raison du grand nombre de personnes rassemblées en tête de cortège. Le défilé parisien a dû s'arrêter à plusieurs reprises et a été marqué par quelques incidents, notamment entre police et "blacks blocs". À 18 heures, 60 personnes étaient en garde à vue en marge de la manifestation, a indiqué le parquet.
Parmi les mobilisations massives en dehors de Paris, les autorités ont compté au moins 33.000 personnes à Toulouse, 25.000 à Marseille, 20.000 à Lyon, Montpellier et Bordeaux. Dans des agglomérations plus modestes, plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées : 15.000 à Clermont-Ferrand, 13.000 à Lille et Rouen, au moins 10.000 à Tours, Rennes, Brest, Saint-Etienne, Bayonne et Pau, au moins 9.000 à Strasbourg, Perpignan, Limoges, Saint-Nazaire ou Caen.
La France au ralenti
En dépit des incidents, le Premier ministre, Édouard Philippe, a "rendu hommage" aux syndicats, notant que dans "un très grand nombre de villes", les manifestations "se sont bien passées". "C'est une très forte mobilisation dans le public comme dans le privé", s'est réjoui plus tôt Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Sur Europe 1, le porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot a salué "le début d'une grande mobilisation sociale".
Plusieurs récents sondages ont montré que le mouvement, à l'appel de la CGT, FO, la FSU et Solidaires ainsi que plusieurs organisations de jeunesse, était majoritairement soutenu par les Français. Dans les transports, on comptait 90% de TGV et 80% de TER annulés, et 10 lignes du métro parisien fermées. Le taux de grévistes à la SNCF a atteint 55,6% en moyenne, jamais vu depuis 2007, et 85,7% parmi les conducteurs, selon la direction.
Sept des huit raffineries françaises étaient en grève et les compagnies aériennes ont été priées de réduire de 20% leur programme jeudi et vendredi. Air France a annoncé l'annulation de 30% de ses vols intérieurs et 10% de ses moyen-courriers. Nombre d'écoles sont restées closes. Le ministère de l'Éducation a recensé 51,15% d'enseignants grévistes dans le primaire et 42,32% dans le secondaire. Une partie des enseignants seront de nouveau en grève vendredi.