Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé mercredi Jawad Bendaoud, qui avait procuré un logement à deux des djihadistes des attentats du 13 novembre 2015, après cette tuerie qui a fait 130 morts et plus de 400 blessés. Le ministère public avait requis quatre ans de prison contre ce délinquant multirécidiviste jugé depuis le 24 janvier pour "recel de malfaiteurs terroristes".
Aucune preuve que Bendaoud savait qu'il hébergeait des terroristes. La présidente du tribunal a considéré qu'il n'avait été prouvé ni dans le dossier d'instruction, ni à l'audience, que Jawad Bendaoud avait hébergé Abdelhamid Abaaoud et de son complice, Chakib Akrouh, en sachant qu'ils étaient des terroristes du 13-Novembre. Jawad Bendaoud, 31 ans, a levé les bras, tapé sur l'épaule de gendarmes et embrassé son avocat à l'annonce du jugement. Il encourait six ans de prison pour avoir mis à disposition d'Abdelhamid Abaaoud et de son complice un squat où ils s'étaient repliés à Saint-Denis. Ils étaient arrivés le 17 novembre au soir dans l'appartement où ils sont morts le lendemain tôt dans l'assaut des policiers du Raid.
"Il y a une fulgurance chez Jawad Bendaoud. Il faut qu'il la mette à profit pour avoir une vie meilleure loin de cette crasse dans laquelle il a évolué ces derniers temps", a réagi mercredi l'un de ses avocats, Xavier Nogueras, au micro d'Europe 1. "Avec tout ce qui s'est passé, après ces longs mois à l'isolement, il a compris que son avenir n'était pas là. On est très ému", a-t-il ajouté.
Jawad Bendaoud sortira de prison mercredi soir.
Jawad Bendaoud sortira "ce soir" de prison, a annoncé à des journalistes une source judiciaire. Jawad Bendaoud était incarcéré à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, où il était détenu à l'isolement depuis 27 mois. Il devrait repasser à la prison pour récupérer ses affaires personnelles, a appris l'AFP de source pénitentiaire. Si le détenu le demande, un véhicule peut être mis à sa disposition pour qu'il quitte son lieu de détention dans la sérénité.
Des peines plus sévères pour les deux autres prévenus. Mohamed Soumah, son co-prévenu, a été lui condamné à cinq ans de prison avec maintien en détention. Il avait eu le rôle d'intermédiaire en mettant en contact Hasna Aït Boulahcen, chargée de trouver une planque aux deux djihadistes en fuite, et Jawad Bendaoud.
Le tribunal a également été sévère pour le troisième homme, le seul comparaissant libre mais considéré par le représentant du ministère public comme ayant "le profil le plus inquiétant" des trois prévenus : Youssef Aït-Boulahcen, un ambulancier de 25 ans et cousin d'Abdelhamid Abaaoud, a été condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis, sans mandat de dépôt, pour non-dénonciation d'acte terroriste. Des documents salafistes, djihadistes ou antisémites et un montage comportant une photo d'Abaaoud ont été retrouvés dans ses téléphones portables et son ordinateur. Le ministère public lui a aussi reproché de n'avoir jamais signalé la radicalisation de sa sœur, Hasna Aït-Boulahcen.
Le parquet fait appel de la relaxe et des deux condamnations.
Le parquet a annoncé mercredi qu'il faisait appel de la relaxe de Jawad Bendaoud et des condamnations contre les deux autres prévenus prononcées par le tribunal correctionnel de Paris. "Ne partageant pas l'analyse du tribunal, le parquet a interjeté appel de la décision prononcée ce jour par la 16ème chambre" du tribunal, a-t-il annoncé. L'appel n'étant pas suspensif, il ne remet pas en cause la sortie de prison de Jawad Bendaoud, qui aura lieu mercredi soir.