"Restaurateur cherche cuisiniers ou serveurs, même sans qualification." 100.000 offres d'emploi sont disponibles dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, déserté par les travailleurs. Pour limiter l'hémorragie et rendre ses métiers plus attractifs, l'Umih (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) dévoile ce mardi matin ses solutions : de 6 à 9% d'augmentation de salaire, un 13e mois ou encore des week-ends de congés. "Nous avons une grille de salaire totalement obsolète depuis 2018", détaille Thierry Grégoire, président de la branche saisonniers de l’Umih, au micro d'Europe 1. "Il faut que nous redonnions du souffle à notre secteur d'activité : si demain nous ne faisons plus venir de jeunes dans notre secteur, à qui transmettrons-nous nos entreprises ?"
"Je refuse des clients faute de bras"
"J'ai reçu un seul CV depuis avril." Beaucoup de patrons sont dans la même situation que Ludovic, à la tête d'un hôtel-restaurant dans l'Oise. "Tous les midis, je refuse des clients faute de bras", explique celui qui a vu le chiffre d'affaires de son établissement baisser de 30% et assure "avoir tout essayé".
L'objectif : être plus attractif. C'est pour cette raison que l'Umih a dévoilé mardi matin ses propositions sur les conditions de travail dans son secteur. Mais celles-ci sont pourtant à revoir selon le GNI (Groupement national des indépendants de l'hôtellerie-restauration), une autre organisation professionnelle. Pour elle, c'est tout, mais pas le 13e mois. Le GNI ne croit pas en cette mesure. Elle est favorable, en revanche, à l'augmentation des salaires, mais de 8% au moins. Les 6% proposés par l'Umih ne passent pas. Quant à avoir un week-end non travaillé, le GNI est également pour. Mais ce qui lui importe surtout, c'est de limiter les coupures, ces interruptions de travail entre deux services, trop pénalisantes pour les employés éloignés de leur établissement.
"Pas suffisant pour me faire revenir"
Car en un an, le secteur a perdu 240.000 employés, selon le ministère du Travail. Parmi eux Amélie, âgée de 25 ans, qui a quitté son emploi il y a quelques mois. "Le confinement a vraiment été pour moi un déclic phénoménal. Je pensais avoir de la chance parce que j'avais un travail et finalement je me suis rendue compte que j'attendais autre chose", explique-t-elle. Le rythme de vie imposé par son métier ne convenait plus à la jeune femme. "Il y a des jours je pouvais faire 11h30-23h30. Je travaillais tous les week-ends et les jours fériés et j'étais payée au Smic. Le salaire ne suivait pas l'investissement moral et physique que ça impliquait", poursuit-elle.
Le confinement a également permis à Amélie de redécouvrir sa vie de couple et sa vie sociale, ce qui l'a d'autant plus motivée à changer de travail. "Même avec les réformes proposées, ce n'est pas suffisant. Je ne sais pas si ça va faire revenir certaines personnes mais dans mon cas, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour", assure-t-elle.
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Le pouvoir d'achat ne suffit donc plus. Le confort est désormais primordial pour redonner envie d'aller au restaurant par l'entrée du personnel, comme l'assure Didier Chenet, le président du GNI qui liste encore des mesures comme la défiscalisation des heures supplémentaires et des repas, qui sont aujourd'hui une retenue sur salaire. "Bien d'autres pistes sont soumises aux syndicats et sont tenues secrètes", insiste-t-il. Une manière d'exprimer le regret que l'Umih ait fait seule des annonces publiques et de souligner que le 18 novembre, les organisations patronales doivent proposer aux représentants du personnel un projet commun.