On peut être à la tête d'un parti appartenant à la majorité présidentielle tout en critiquant la réforme des retraites, présentée par le gouvernement. Le maire de Dijon, François Rebsamen - ancien ministre du Travail de François Hollande - en a fait la démonstration ce mardi sur Europe 1. Au micro de Raphaël Delvolvé, il a remis en cause le moment choisi par l'exécutif pour présenter un tel projet.
"Je pense que notre société est en difficulté, il ne faut pas le nier. Les gens sortent de trois années de crise, ils sont anxieux, ça se comprend. Il y a l'escalade de la guerre en Ukraine mais aussi la crise énergétique. Ils sont préoccupés aussi, on l'a vu, par la crise climatique", a-t-il estimé. Dans un climat social tendu, cette réforme des retraites risque, selon lui, d'attiser les braises. "Est-ce le moment aujourd'hui de fracturer un peu plus la société ? C'est une drôle de manie que cette manie française de, tous les huit ans ou dix ans, présenter des réformes sur les retraites qu'on dit définitives et de recommencer huit ans ou dix ans plus tard", juge-t-il.
Une "double peine"
Et les critiques de François Rebsamen se n'arrêtent pas là. L'ancien sénateur PS estime également que le rythme imposé par le gouvernement est trop soutenu. Selon lui, au lieu d'acter l'allongement de la durée de cotisation dès 2027, il aurait été préférable de l'étaler sur le long terme comme l'avait fait l'ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, en 2014. "Ça nous aurait permis d'avoir des syndicats réformistes qui auraient, peut-être, accepté de jouer le jeu. Là, on voit bien que ça cristallise le pays et je le regrette dans le moment actuel", ajoute-t-il.
>> LIRE AUSSI - Retraites : la CGT Cheminots et SUD-Rail proposent une grève reconductible «dès la mi-février»
Le maire de Dijon souligne ensuite la "double peine" imposée aux Français "entre l'accélération forte de la réforme Touraine et un âge de départ décalé à 64 ans". Et d'ajouter : "Ce sont des projets de vie pour des gens de partir à la retraite (...) tout ça va être décalé. Je trouve que c'est très brutal. C'est pour ça que je fais une proposition : décaler l'application de cette réforme parce qu'il n'y a pas d'urgence".
Le maire de Dijon suggère ainsi une entrée en vigueur pour septembre 2025, et non 2023 comme prévu, "afin que les gens aient le temps de se retourner". "Imaginez ceux qui doivent partir en septembre 2023, Ils vont devoir partir en janvier 2024. D'accord ce n'est pas énorme mais ces gens avaient peut-être prévu des choses. Il faut prendre en compte nos concitoyens. Il y a quand même beaucoup de personnes qui sont concernées".