Au lendemain d'une troisième journée de manifestations contre la réforme des retraites et à trois jours des vacances de Noël, Emmanuel Macron s'est dit "disposé à améliorer" le projet de réforme des retraites. Le chef de l'État envisage notamment "une amélioration possible autour de l'âge pivot" de départ à la retraite, a indiqué son entourage mercredi matin, avant de nouvelles concertations à Matignon avec les partenaires sociaux.
Le projet ne sera ni abandonné, ni dénaturé
Le chef de l'État "n'abandonnera pas le projet, ne le dénaturera pas non plus, même s'il est disposé à l'améliorer, par le truchement des discussions avec les syndicats et au sein des établissements clé que sont la SNCF et la RATP", a expliqué l'Élysée, pour qui "c'est dans l'ordre des choses qu'il y ait des avancées d'ici la fin de la semaine". Le président s'est fixé pour "objectif d'obtenir une pause" de la mobilisation "pendant les fêtes" de fin d'année, assure-t-on.
Le gouvernement souhaite reculer l'âge de départ à la retraite, avec un âge pivot fixé à 64 ans à partir de 2027, afin d'équilibrer financièrement le système. Les salariés prenant leur retraite avant cet âge subiraient une décote, ceux partant plus tard percevant au contraire un "bonus". Les syndicats rejettent en bloc cette idée, notamment la CFDT, qui est favorable à une unification des 42 systèmes de retraites existants, mais considère l'âge pivot comme une "ligne rouge".
Alors que l'exécutif paraît espérer des propositions de la part des syndicats sur ce point, l'entourage d'Emmanuel Macron a décrit mercredi un gouvernement "dans un cycle de négociations et de discussions permanentes" en vue d'obtenir une pause de la mobilisation contre la réforme. Plusieurs options sont envisagées : un âge pivot différencié en fonction de la pénibilité du travail ou, comme certains le réclament dans la majorité, l'abandon pur et simple de ce concept. "Si on ne revient que partiellement dessus, ce ne sera pas une victoire pour Laurent Berger", prévient un poids lourd de LREM. "Et il est important de lui offrir une porte de sortie."
Les déclarations d'Emmanuel Macron ont en tout cas permis de cadrer les rencontres prévues le jour même dans l'après-midi. Edouard Philippe reçoit, avec le nouveau "M. Retraites" Laurent Pietraszewski, les syndicats pour tenter de trouver une sortie à la crise, sous la menace de nouveaux blocages dans les transports pendant les fêtes.
"On a vu qu'il pouvait y avoir des ouvertures", dit l'UNSA, "pas totalement rassuré"
Le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, a ouvert le bal en début d'après-midi, suivi de celui de la CGT, Philippe Martinez. Celui-ci, à l'issue de son entrevue, a rappelé que son organisation demandait "le retrait du projet de loi" et regretté que le gouvernement ait "une position idéologique". "Nous on est là pour l'alerter sur la situation du pays, sur le mécontentement", a-t-il dit, jugeant que le gouvernement ne faisait "rien pour apaiser ce mécontentement".
"On n'est pas totalement rassuré", a déclaré de son côté Laurent Escure. "On a vu qu'il pouvait y avoir des ouvertures" notamment sur "la pénibilité, les fins de carrières, le minimum de pension, ou les adaptations pour des secteurs qui sont en tension aujourd'hui et qui sont inquiets", mais elles "restent à confirmer". Quant à l'âge d'équilibre, ligne rouge des syndicats réformistes comme l'Unsa et la CFDT, si le gouvernement "maintient une mesure punitive", l'Unsa n'exclut pas une mobilisation "en janvier", a-t-il averti.
Le chef de file de la CFTC, Cyril Chabanier, s'est dit, lui, "un peu plus optimiste" en sortant qu'en entrant à Matignon. Et a évoqué notamment la possibilité d'un relèvement du minimum de retraites au-delà des 1.000 euros annoncés. Le plus attendu, Laurent Berger, est arrivé vers 17h30, pour redire, lui aussi, au Premier ministre son opposition à l'âge pivot. Une première mouture du projet de loi doit être envoyée au Conseil d'Etat "avant Noël", selon une source proche du dossier, en vue de sa présentation en Conseil des ministres programmée le 22 janvier.