Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a confirmé jeudi devant les élus locaux à Pau la réintroduction prochaine de deux ourses slovènes en Pyrénées-occidentales, provoquant la colère des opposants qui ont claqué la porte d'une réunion sur le sujet. En préambule d'une réunion en préfecture, le ministre "a dit qu'il y aurait la réintroduction de deux ourses", a affirmé devant la presse Étienne Serna, maire d'Aramits, dans les Pyrénées-Atlantiques, et porte-parole d'un collectif d'opposants.
François de Rugy a précisé par la suite que cette réintroduction serait effective "au début du mois d'octobre". "J'ai décidé de donner le feu vert à la réintroduction de deux ourses femelles dans les Pyrénées-Atlantiques", a déclaré le ministre. "Cela sera fait dans la période prévue pour cela, au début du mois d'octobre (…) avec la Slovénie, notre partenaire", a-t-il ajouté.
#E1#Pau#PyrénéesAtlantiques#Ours@FdeRugy « J’ai décidé de la réintroduction de deux ourses. Je connais les difficultés, les tensions et je ne me dérobe pas. Je suis venu l’annoncer ici. Je défends l’écologie qui agit » pic.twitter.com/Vfl0NpbihT
— Stéphane Place (@StephanePlace) 20 septembre 2018
La fronde des bergers. "À quoi bon discuter puisque la décision est déjà prise. Nous sommes sortis", a ajouté Étienne Serna à propos de ce projet d'introduction lancé au printemps dernier par Nicolas Hulot. "Il a dit 'c'est maintenant, c'est pas dans un an'", a précisé David Habib, député PS des Pyrénées-Atlantiques. Le nouveau ministre a rencontré une soixantaine d'élus, éleveurs et associations sur cette question très sensible dans la région. Une majorité d'entre eux, furieux, ont quitté la réunion. Au même moment, dans le village d'Asasp-Arros, porte d'entrée de la vallée d'Aspe, quelque 200 éleveurs, bergers - qui avaient refusé d'aller rencontrer le ministre - se sont rassemblés pour redire leur opposition à la réintroduction d'ours dans l'ouest des Pyrénées.
La @fdsea64 présente à Asasp-Arros aux côtés du collectif d'#éleveurs pr s'opposer à la réintroduction d'#ours ds les #Pyrénées annoncée par @FdeRugy - #pastoralisme : les #prédateurs ne sont pas compatibles ac l'#élevage ! pic.twitter.com/39dmW1Gdbl
— Bernard LAYRE (@BernardLayre) 20 septembre 2018
"S'il faut des armes, on les sortira !" Devant une assistance chauffée à blanc, Olivier Maurin, président de l'Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées (ADDIP), a lancé : "Par tous les moyens, nous refuserons la réintroduction des ours dans notre territoire où ils n'ont plus leur place." "Et s'il faut des armes et des fusils pour que notre message résonne aux oreilles de François de Rugy, on les sortira !", a ajouté cet éleveur de brebis et porcs, tandis qu'au bout d'un long bâton de berger, des manifestants pendaient un gros ours en peluche, avec la mention "Wanted, mort ou édenté". Les accès routiers au village avaient été filtrés par des barrages de gendarmes et les coffres des véhicules fouillés.
Ce projet, dans le cadre d'un "plan ours" publié en mai, avait été lancé par Nicolas Hulot et nombre d'élus et acteurs locaux, notamment des bergers qui craignent pour leurs troupeaux, espéraient que le nouveau ministre y renonce. François de Rugy devait dans l'après-midi se rendre sur une estive, ce pâturage de montagne d'été pour les troupeaux.