Début septembre, l'ouragan Irma frappait l'île de Saint-Martin dans les Caraïbes. Deux mois après les faits et un mois après une première visite du président de la République, les habitants s'apprêtent à recevoir celle du Premier ministre, Édouard Philippe. Mais si la reconstruction a commencé, les habitants ont parfois encore l’impression d’être livrés à eux-mêmes.
Lila se souvient des jours qui ont suivi le passage d'Irma et de la visite d'Emmanuel Macron. "J'étais sous le choc", dit-elle en se remémorant les événements. "C'est resté comme ça. On nettoie au maximum. Le toit s'est soulevé et il y a des trous partout", détaille-t-elle en revenant dans son appartement, soufflé par l'ouragan. Aujourd'hui, elle habite juste en face, dans un appartement prêté par une amie, avec ses deux enfants. "J'ai racheté des meubles de gens qui partaient parce que j'ai tout perdu", déplore-t-elle. "En dehors de mon assurance personnelle, je n'ai rien eu. De l'État, de la collectivité, rien du tout. Il est clair et net que chacun est seul", poursuit-elle, amère.
La reconstruction lancée, mais encore mal organisée
En marchant dans le quartier qui s'étale jusque sur la plage, Lila embrasse les lieux du regard mais dresse un constat dur. "Demandez aux vrais saint-martinois, ils sont livrés à eux-mêmes", lance-t-elle. Quelques mètres plus loin, en descendant la rue dans laquelle était venu Emmanuel Macron lors de sa visite, les débris et le sable ont disparu. "Quelques jours après, on a eu une vraie aide qui est arrivée, ils ont bien déblayé. Il y a eu un travail titanesque qui a été fait. Mais ce n'est pas assez", explique un habitant.
Un peu plus loin, Victor et son voisin David se sont lancés dans la reconstruction, mais ont l'impression d'être bien seuls. "On attend les experts et les assurances qui mettent du temps à bouger. On fait les travaux avec nos biens à nous. Il faut quand même qu'on ouvre, qu'on refasse surface, qu'on recommence comme avant, doucement", raconte-t-il alors qu'il décharge des poutres de sa camionnette pour remettre en état son petit restaurant. Morgan, un autre voisin, lui vient en aide. Installé à Saint-Martin depuis seulement quelques années, il a failli rentrer à Paris après le passage d'Irma, mais a finalement choisi de rester. "On a eu une forte envie de fuir le chaos, mais à côté de ça, quand on tourne la tête, il y a tellement de choses à faire, tellement de gens à aider… J'avais toute l’énergie pour faire repartir ce que je pouvais faire repartir autour de moi avec mes deux petits bras", explique-t-il.
Premières réouvertures de commerce
Aux quatre coins de l'île, des gens s'activent pour réparer les toits et les façades, parfois en musique. Et certains restaurants s'apprêtent déjà à rouvrir pour faire revivre Grand-Case, qui était, avant le passage de l'ouragan, la capitale gastronomique des Caraïbes, rappelle fièrement les habitants. "On était quand même un restaurant assez cher, traditionnel. On va faire des choses un peu plus simples pour que tout le monde puisse venir manger chez nous. On s'adapte et on va faire pour tout le monde", indique ainsi Florence. Un peu plus loin, un bar de plage, dont la cabane en bois avait été complètement détruite par l'ouragan, s'apprête également à rouvrir. Peu à peu, les choses avancent. À côté, les hommes de la sécurité civile terminent leur ration de survie, alors que leur mission sur l’île touche à sa fin.