Presque un an après l'assassinat de Samuel Paty, le ministère de l'Education nationale a invité les établissements scolaires à rendre hommage au professeur d'histoire-géographie le 15 octobre prochain. Alors que les commémorations sont en pleine préparation, David di Nota, romancier et docteur en sciences politiques, était l'invité de Sonia Mabrouk lundi dans Europe Matin. Il est revenu sur son ouvrage J'ai exécuté un chien de l'enfer, aux éditions du Cherche Midi, une contre-enquête sur cet attentat qui a marqué la France.
"Un devoir de vérité"
"La décapitation de Samuel Paty n'a rien changé à l'attitude de l'Education nationale face à l'enseignant", a jugé l'auteur de la contre-enquête. "Il ne peut pas y avoir d'avant et d'après Samuel Paty si on ne décrit pas correctement et honnêtement le chantage islamiste dont il a fait l'objet et la mécanique infernale dans laquelle il s'est retrouvé et qui a précipité la fin que nous connaissons. Le premier devoir que nous lui devons c'est la vérité et on est loin d'avoir raconté son histoire correctement", a estimé David di Nota.
Il a également expliqué comment il a mené ce contre-rapport et les conclusions qu'il a pu en tirer. "J'ai travaillé en lisant le texte. Et puis j'ai recoupé toutes les informations. Je me suis aperçue que dans cette enquête ce qui est le plus difficile, c'est de dire l'évident. Ce qui est posé sur la table et que personne ne veut voir", a-t-il expliqué.
"Un gage de bonne foi à la cohorte des harceleurs"
Selon lui, le professeur a peu à peu été tenu responsable d'une offense envers ses élèves. "Il y a une question fondamentale que le rapport officiel de l'Inspection générale ne pose pas, c'est pourquoi l'Education nationale a choisi d'accuser Samuel Paty de mal maîtriser le concept de laïcité au moment où il faisait l'objet d'une campagne de haine et de menaces physiques par des islamistes", s'est-il interrogé. Pour le romancier, l'enseignant finira en effet par présenter des excuses sur demande de l'administration, mais ne reconnaîtra pas avoir commis une erreur dans l'exercice de son travail.
"Il a ensuite compris qu'il était tombé dans un piège tendu par son administration et il a adopté une attitude beaucoup plus rebelle", a-t-il estimé en référence à sa convocation au commissariat après une plainte pour "diffusion d'images pornographiques". Pour David di Nota, "en recadrant le professeur, on donnait un gage de bonne foi à la cohorte des harceleurs", et on espérait "que les choses se calmeraient.
Enseignant d'histoire-géographie, Samuel Paty avait été décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov qui lui reprochait d'avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Cet acte avait suscité une émotion considérable en France.