Victimes du réchauffement, les océans et les zones gelées dépérissent à grande vitesse, menaçant des pans entiers de l'Humanité qui doit réduire au plus vite ses émissions de CO2 pour limiter les dégâts, avertit mercredi un rapport alarmant du Giec. Montée du niveau des océans, petites îles menacées de submersion, glaciers qui disparaissent... Certains des impacts dévastateurs du changement climatique sont déjà "irréversibles", note le groupe d'experts climat de l'ONU à l'issue d'une réunion marathon de cinq jours à Monaco.
Ce qu'il faut retenir du rapport du Giec :
- Le niveau de l'eau monte. La hausse du niveau des mers est 2.5 fois plus rapide qu'au XXe siècle. L'augmentation du niveau de la mer pourrait aller jusqu'à plus d'un mètre si les émissions mondiales s'accroissent. Les événements météorologiques extrêmes vont également augmenter, provoquant de plus en plus d'inondations.
- L'océan souffre du réchauffement climatique alors qu'il est pourtant un allié. Les océans ont absorbé environ un quart des émissions de CO2 produites par l'homme mais ils en paient le prix fort : hausse des températures, acidification et manque d'oxygène.
- Les banquises et les glaciers fondent. La cryosphère (ensemble des glaces à la surface du globe) se réduit à cause du réchauffement climatique.
- Il faut impérativement s'adapter. Il est indispensable de réduire nos émissions mais cela ne sera pas suffisant, il va falloir s'adapter et se protéger contre le réchauffement des océans en cours et la fonte des glaces.
La hausse du niveau des mers 2,5 fois plus rapide qu'au XXe siècle
Deux jours après le sommet de New York qui n'a pas suscité l'impulsion espérée, ce rapport souligne toutefois que mettre en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pourrait faire une vraie différence. Les modifications de l'océan ne s'arrêteront pas soudainement en baissant les émissions, mais leur rythme devrait être ralenti. Gagner du temps pour, par exemple, se préparer à la montée des eaux qui favorisent les vagues de submersion et les tempêtes en construisant des digues autour des grandes mégapoles côtières comme New York ou en anticipant le déplacement peut-être inéluctable de certaines populations, notamment celles de petits Etats insulaires qui pourraient devenir inhabitables d'ici la fin du siècle.
Le niveau des océans a augmenté 2,5 fois plus vite au début du XXIe siècle qu'au XXe, et va continuer à s'accroître. Les littoraux du monde entier vont se redéfinir. D'après le rapport, construire des protections sur les côtes contre la montée des eaux, pourrait réduire de 100 à 1.000 fois les risques d'inondations. A condition d'investir "des dizaines à des centaines de milliards de dollars par an". Ces protections seraient toutefois plus efficaces pour les mégalopoles côtières que les grands deltas agricoles ou les petits Etats insulaires qui n'auraient de toute façon pas les moyens de financer ces grands travaux. Au total, selon le rapport, plus d'un milliard de personnes vivront d'ici le milieu du siècle dans des zones côtières peu élevées particulièrement vulnérables aux inondations ou à d'autres événements météo extrêmes amplifiés par la montée du niveau de la mer et le dérèglement climatique. Et même dans un monde à +2°C, de nombreuses mégapoles et petites îles devraient être frappées d'ici 2050 au moins une fois par an par un événement extrême qui ne se produisait jusqu'alors que tous les cent ans.
Les océans, des alliés contre le réchauffement climatique
Le monde s'est engagé en 2015 dans l'accord de Paris à limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. Les océans, qui couvrent plus de 70% de la surface du globe, ont absorbé environ un quart de ces émissions et 90% de la chaleur supplémentaire générée par le CO2 produit par l'Homme. Avec des conséquences palpables: hausse de la température de la mer, acidification, perte d'oxygène. Ces bouleversements entraînent des impacts en cascade sur les écosystèmes dont dépend l'Homme, comme les récifs coralliens qui servent de nurserie à de nombreuses espèces de poissons ou les régions de montagnes alimentées en eau par les glaciers.
Ce rapport adopté par les 195 Etats membres du Giec est le quatrième opus scientifique de l'ONU en un an à tirer la sonnette d'alarme sur les impacts du dérèglement climatique et à pointer des pistes vers les façons d'y remédier ou au moins les limiter. Les engagements internationaux actuels, s'ils étaient respectés, conduiraient à un monde à +3°C. Le Giec note dans son rapport que les océans peuvent aussi offrir des solutions pour aider à réduire ces émissions, notamment par le développement des énergies renouvelables.