Après un hiver très sec, la pluie est revenue ce printemps dans une partie du pays. Malheureusement, cela ne devrait pas permettre de remplir les nappes phréatiques avant l'été, notamment dans les régions déjà très touchées par la sécheresse, comme le pourtour méditerranéen.
En ce début du mois de mai, plusieurs départements sont déjà en alerte sécheresse et de nombreux autres en vigilance, comme le montre une carte publiée sur le site du Ministère de la Transition Écologique, Propluvia. En tout, 47 départements sont concernés, et des mesures de restrictions d'eau commencent à être mises en place en fonction du niveau d'alerte.
En gris, les zones en vigilance (niveau 1) ; en jaune, les zones en alerte (niveau 2) ; en orange, les zones en alerte renforcée (niveau 3) ; en rouge, les zones en crise (niveau 4). Crédit : Propluvia, Ministère de la Transition Écologique
Dans le Var, les Bouches-du-Rhône et le Gard, qui ont déjà atteint le niveau maximal dit de "crise", l'arrosage des espaces verts ou le lavage des voitures sont d'ores et déjà interdits. À cela s'ajoute l'interdiction de remplir sa piscine privée, voire d'en construire une. Alors, aurez-vous le droit de remplir ou d'ajuster le niveau de votre piscine cet été, d'en construire ou d'en acheter une ? Europe 1 fait le point.
Les régions où il est interdit de remplir sa piscine
Tout d'abord, il est nécessaire de différencier les différents niveaux d'alerte de sécheresse. Le premier niveau est celui de la simple vigilance, où il n'y a aucune restriction mais des incitations à faire des économies d'eau. Vient ensuite le niveau 2 d'"alerte", qui interdit d'arroser les jardins ou espaces verts, ou encore de laver sa voiture à certaines heures de la journée. Dans les départements en "alerte renforcée" (niveau 3), les limitations d'arrosage sont plus fortes et concernent aussi les agriculteurs. Enfin, le niveau maximal (niveau 4) est celui de "crise", où seuls les prélèvements d'eau prioritaires sont autorisés (à savoir ceux liés à la santé, la sécurité civile, la salubrité ou encore l'accès à l'eau potable).
Dans les départements qui ont un niveau 2 et 3 (alerte et alerte renforcée), il est interdit de remplir totalement ou de vidanger sa piscine privée, sauf en cas de remise à niveau ou s'il s'agit d'un premier remplissage. Cela concerne uniquement les piscines dont la construction a commencé avant le début des restrictions d'eau.
Sont concernés l'Oise, les Yvelines, la Seine-et-Marne, le Loiret, la Haute-Saône, la Vienne, les Deux-Sèvres, l'Ain, l'Isère, la Drôme, l'Ardèche, les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence, le Vaucluse, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales. À noter que selon les départements, seule une partie du territoire peut être touchée par les limitations.
Quant aux départements en niveau d'alerte 4 (de crise), le remplissage et la vidange des piscines privées sont totalement interdits. Pour l'instant, le Var, les Bouches-du-Rhône et le Gard sont concernés mais de nouveaux départements pourraient bientôt atteindre ce seuil critique.
En cas de non-respect des restrictions d'eau, les contrevenants s'exposent à une amende de 1.500 à 3.000 euros en cas de récidive.
Ces villes qui interdisent la construction de nouvelles piscines
Au-delà des restrictions de remplissage des bassins déjà construits, certaines villes commencent à interdire la construction de nouvelles piscines en raison de la sécheresse. C'est notamment le cas de la commune d'Elne, dans les Pyrénées-Orientales, où la mairie a voté un arrêté municipal pour ne plus délivrer de permis de construire pour les piscines individuelles, mais aussi les puits et forages domestiques.
Dans le Var, les neuf communes du pays de Fayence ont aussi pris la décision à la fin du mois de février de ne plus délivrer de permis de construire pendant cinq ans. Il s'agit des villages de Fayence, Callian, Mons, Tourrettes, Tanneron, Montauroux, Saint-Paul-en-Forêt, Seillans et Bagnols-en-Forêt. Les piscines sont évidemment concernées par cet arrêté, tout comme les maisons individuelles ou les immeubles. Une décision prise par la communauté des communes du Pays de Fayence pour faire en sorte que la population ne manque pas d'eau cet été, alors que les ressources sont de plus en plus faibles.
Outre les piscines enterrées, la vente de piscines hors-sol sera également interdite dans les Pyrénées-Orientales à partir du 10 mai, a annoncé vendredi le ministre de la Transition Écologique. Une manière d'"éviter d'avoir des gens qui achètent des piscines et qui ensuite auraient la tentation de les remplir alors même qu'on interdit ce remplissage", a expliqué Christophe Béchu.
D'autres communes pourraient bientôt prendre des décisions similaires. En France, en 2018, 2,5 millions de foyers résidant en maison individuelle possédaient une piscine, selon les chiffres de la Fédération des professionnels de la piscine et du spa.