Les travailleurs du secteur des déchets sont exposés à des risques sanitaires plus élevés que la normale, selon l'Anses. L'Agence sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail explique jeudi dans un rapport que si le recyclage est en plein développement, la sécurité sanitaire dans les centres de gestion est le "parent pauvre" du secteur. La structure dénonce un manque de données et de mesures de ces risques, ce qui pourrait conduire à un défaut de protection pour les travailleurs.
Le (mauvais) exemple des panneaux solaires
Avec le recyclage qui a le vent en poupe, les piles, les appareils électroménagers et certains métaux issus des chantiers arrivent désormais en grande quantité dans les centres de tri. Et au bout de la chaîne, il y a des travailleurs qui les manipulent avec de plus en plus de soin. Et les risques encourus ne sont pas assez connus des travailleurs : "On a très peu de données sur ce à quoi sont exposés les travailleurs, à quelles intensité et quelle est la nature de l'exposition", résume Guillaume Boulanger, de l'unité d'évaluation des risques liés à l'air à l'Anses.
"À titre d'exemple, prenons les panneaux solaires", poursuit Guillaume Boulanger. "Lors de la conception, on n'a pas pensé au stade final, au déchet. Ces panneaux peuvent contenir des substances qui peuvent être toxiques, comme des nanoparticules. Cette filière est jeune et ce risque de déchets n'est pas du tout pris en compte."
Une évaluation recommandée pour trois filières
Mais ce manque d'information ne concerne pas que les nouveaux venus sur le marché, selon l'Anses. Même les pots de yaourts ou les barquettes de viande que de plus en plus de gens mettent dans leurs poubelles jaunes présentent des risques, à cause notamment des moisissures. Citéo, une entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers, répond pourtant que toutes les mesures sont prises pour assurer la protection des employeurs. Peut-être, mais les dangers potentiels ne sont pas assez connus, selon l'Anses.
La solution, d'après l'Anses, passe par une "une évaluation des risques sanitaires" pour trois filières : la filière "déchets du BTP", qui "représente, avec ses 247 millions de tonnes de déchets produits, le gisement le plus important de l'ensemble du secteur" ; la filière "bois", avec des "potentiels de risques chimiques présumés élevés" ; la filière "emballages ménagers", qui "implique à elle seule 28.000 travailleurs et dont les activités vont (…) augmenter sous l'impulsion réglementaire de l'extension des consignes de tri".