SNCF : l'ouverture à la concurrence présente-t-elle un risque pour les usagers ?

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Emmanuel Duteil, édité par Ugo Pascolo
L'ouverture à la concurrence, une des principales préoccupations des cheminots dans la réforme du rail, peut-elle avoir une incidence sur les sommes engagées dans la maintenance du réseau ferré ? 
L'ENQUÊTE DU 8H

Les cheminots décident jeudi après-midi quelle forme prendra la grève contre la réforme du rail voulue par le gouvernement. Parmi les arguments : l'ouverture à la concurrence pourrait aller de pair avec des problèmes de sécurité, notamment par manque de maintenance du réseau. Mais cet argument est-il fondé ? 

Le mauvais exemple de la Grande-Bretagne... Si l'on prend l'exemple de la Grande-Bretagne, c'est vrai. Il y a eu plusieurs accidents spectaculaires juste après la privatisation de la British Rail au milieu des années 1990 : des accidents qui auraient pu être évités pour certains si les nouveaux actionnaires avaient investi dans les moyens de sécurité. Depuis, les investissements ont été fait et surtout l'Etat a repris la gestion des rails en mains.

... Qui ne peut pas s'appliquer en France. Ce qui fait qu'aujourd'hui il n'y a pas plus d'accidents en Grande-Bretagne qu'en France. Et puis surtout la Grande-Bretagne est un cas à part : c'est le seul réseau à avoir été au démarrage totalement privatisé. En France comme ailleurs en Europe, on parle seulement d'ouverture à la concurrence. "Il n'y a aucune raison qu'une ouverture à la concurrence représente un risque pour la sécurité ferroviaire", explique Olivier Salesse. "Ce qui compte c'est que les investissements soient faits pour maintenir et générer le réseau : avoir des rails et des appareils de voie en bon état, ainsi qu'une signalisation performante. C'est ça qui garantit que la circulation des trains se fait dans des conditions de sécurité optimales", analyse le directeur des transports au gendarme du ferroviaire. "Et tout ce qui est investissement, renouvellement, entretien de l’infrastructure reste sous la coupe d'un seul et même monopole public : SNCF réseau", détaille-t-il.

Entendu sur europe1 :
Les kilomètres de ligne vont rester la propriété de la SNCF, la maintenance sera donc de leur ressort

Les kilomètres de ligne vont rester la propriété de la SNCF, la maintenance sera donc de leur ressort. Mais le problème, c'est que la SNCF, par manque de moyens, n'a pas assez investi ces dernières années. On a tous en tête la pagaille notamment de cet été à la gare Montparnasse. Imaginez, tout l'argent investi permet juste de maintenir l’âge du réseau : 30 ans d'âge en moyenne pour une ligne. C'est catastrophique, notamment en Île-de-France. "Il faut rattraper notre retard et surtout investir fortement sur des dizaines d'années", reconnaît un cadre de la SNCF. Et pour cela, la SNCF va demander plus de budget. Selon nos informations, il s'agit d'une augmentation de 30%.

Investir pour moderniser le réseau. La SNCF utilise aujourd'hui encore des systèmes qui datent de la première moitié du 20ème siècle pour ce qui est de la signalisation. Il faut accélérer grâce au digital. Concrètement ça veut dire rénover les voies et moderniser tout le reste. Comme par exemple mettre des capteurs partout pour prévenir avant un incident comme une rupture de caténaires. Ça permettra à terme de faire des grosses économies et d'éviter les accidents qui perturbent le système pendant des heures. Grâce à ces nouvelles technologies, la SNCF estime que l'on pourrait augmenter la fréquentation des lignes de 30%. Mais pour cela, la balle est en grande partie dans le camp du gouvernement.