"Je suis Charlie." Les 10 et 11 janvier 2015, quelque quatre millions de Français sont descendus dans la rue dans la foulée des attentats des 7, 8 et 9 janvier qui ont coûté la vie à 17 personnes, dont 12 à la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Dans la foule, les cris et les pancartes "Je suis Charlie" étaient légions. Un sentiment d'appartenance qui s'empara d'une grande partie des Français, traversant même nos frontières. Cinq ans après, à la veille du procès de ces massacres qui s'ouvre mercredi à Paris, l'Ifop a mené l'enquête dans un sondage* pour Charlie Hebdo et la fondation Jean-Jaurès, afin de savoir si les Français étaient toujours "Charlie".
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59% des Français soutiennent la publication des caricatures
Crédit photo : capture sondage Ifop
La publication de 12 caricatures de Mahomet en 2006 avait, avant ce drame, déjà déclenchée de vives réactions à l'encontre du journal satirique. Cinq ans après les faits, 59% des Français soutiennent toujours leur publication. Mais 69% des Français musulmans interrogés** pensent que les journalistes "ont eu tort, car cela constituait une provocation inutile".
Quant à savoir pourquoi ces caricatures ont déclenché de l'indignation, 29% des Français déclarent le comprendre, contre 73% des Français musulmans.
21% des jeunes Français ne condamnent pas les djihadistes
Sur l'attentat en lui-même, le sondage de l'Ifop indique que 88% des Français condamnent totalement le massacre. Les Français musulmans sont également 72% à condamner les tueries.
Crédit photo : capture sondage Ifop
En revanche, 8% des Français "n'expriment pas de condamnation à l'égard des auteurs de l'attentat", tandis qu'ils sont 18% de Français musulmans à avoir le même point de vue.
Cette "non-condamnation" prend même de l'ampleur chez les 15-24 ans. Ainsi, 21% des jeunes Français et 26% des jeunes Français musulmans ne condamnent pas les djihadistes.
* Échantillon 1.020 personnes représentatif de l’ensemble de la population vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus réalisé selon la méthode des quotas.
** Pointant le faible poids des musulmans dans la population française résidant en métropole, l’Ifop a estimé qu’il n’était pas possible d’exploiter les réponses des musulmans interrogés au sein d’un échantillon national représentatif. L'institut a donc constitué selon la même méthode des quotas un échantillon de Français musulmans de 515 personnes. Pour le recrutement de ce panel, l’Ifop a fait le choix d’une approche basée sur l’auto-identification, c’est-à-dire de n’inclure dans l’échantillon que les individus qui s’identifient eux-mêmes comme musulmans, qu’ils soient "convertis" ou issus de familles musulmanes. Cette étude exclut toutefois les personnes déclarant avoir au moins un de leurs parents musulmans, mais qui ne s’identifient pas personnellement à cette confession.