Anticor a demandé que Nicolas Sarkozy soit entendu comme témoin dans l'enquête sur les sondages de l'Élysée sous sa présidence, afin qu'il ne soit pas "le grand absent" de cette affaire, a annoncé l'avocat de l'association anticorruption, Me Jérôme Karsenti.
Déjà des mises en examen. L'enquête sur des soupçons de favoritisme de la part de l'Élysée au profit des sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, ex-conseillers du président, a déjà abouti à la mise en examen de plusieurs membres de l'ancienne équipe élyséenne, comme la directrice de cabinet Emmanuelle Mignon ou le secrétaire général Claude Guéant.
Protégé par l'immunité. Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy ne peut être mis en cause car il bénéficie de l'immunité présidentielle, contrairement à l'enquête Bygmalion où c'est le candidat à la présidentielle de 2012 qui est visé et menacé d'un possible renvoi en procès. Dans le dossier des sondages, "on a un procès qui est en train de s'articuler autour d'un grand absent. Mais Nicolas Sarkozy peut être convoqué comme témoin", a déclaré l'avocat d'Anticor, qui avait déposé plainte en 2009. Rien n'oblige néanmoins le juge d'instruction à accéder à cette demande de la partie civile.
Un contrat au caractère "exorbitant". Au cœur du dossier, se trouvent les contrats passés sans appel d'offres à partir de 2007 avec les sociétés de Patrick Buisson (Publifact puis Publiopinion) et de Pierre Giacometti, tous deux mis en examen pour recel de favoritisme. La convention signée par Patrick Buisson avec l'Élysée prévoyait une mission de conseil rémunérée 10.000 euros par mois et octroyait d'autre part à Publifact "l'exécution de sondages", à sa liberté d'appréciation et avec les instituts de son choix. Dans un rapport de février 2009, la Cour des comptes dénonçait son caractère "exorbitant", l'Élysée n'ayant "ni la maîtrise ni le contrôle" des dépenses. Au final, les enquêteurs ont retrouvé trace de 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec un bénéfice pour Publifact d'environ 1,4 million d'euros. D'où une mise en examen supplémentaire pour détournement de fonds publics.