Dans les locaux de l’association SOS Amitié, trois ans après la crise sanitaire, les appels des 15-25 ans ne diminuent pas. "J’en ai marre", "j’ai peur", "de toute façon, moi je n’arriverai à rien", "on ne me croit pas", "on ne m’entend pas". Des paroles de jeunes que Zineb, 33 ans, bénévole depuis un an pour l’association SOS Amitié, a recueilli lors de ses permanences téléphoniques. D’après l’association, depuis la crise du Covid, 17% des appels viennent de jeunes de moins de 25 ans. Un chiffre considérable rapporté à la population française. "Et ce chiffre n’a pas baissé depuis la fin de la crise sanitaire", précise Laurent Le Boterve, président de S.O.S Amitié Paris Île-de-France.
>> LIRE AUSSI - SOS Amitié : 14% des Français célèbrent Noël seuls
11 millions de Français se sentent seuls
Les sujets des appels sont multiples mais "celui du suicide revient beaucoup plus souvent chez les jeunes que chez les autres appelants", affirme Zineb. "Les jeunes évoquent évidemment la solitude, l’inquiétude par rapport au futur, l’inquiétude par rapport à ce qu’ils vivent dans le présent avec leurs familles, à l’école, …" Et parmi les moins de 25 ans, une nouveauté préoccupante : la solitude de jeunes mineurs. "Des adolescents principalement", décrit Zineb. "Ce n’est absolument pas majoritaire", poursuit-elle, "mais on remarque quand même une hausse de ces appels-là. C’est quelque chose d’inquiétant pour l’association et c’est quelque chose qu’il faudra creuser par la suite."
Pour y répondre, SOS Amitié maintient plus que jamais ouverte ses lignes de chat et sa boite mail. Pour être joignable depuis un smartphone et en toute discrétion. D’après le baromètre IFOP "Les Français et la solitude", plus de trois Français sur quatre estiment que la lutte contre la solitude doit être considérée comme un enjeu de santé publique. Selon le rapport sur les "fragilités relationnelles" publié par la Fondation de France, quelque 11 millions de personnes en France, soit 20% des plus de 15 ans, se sentent seules, et 80% en souffrent.