Le groupe allemand Bayer a présenté dimanche ses excuses à la suite de révélations en France d'un fichage illégal pour le compte de sa filiale Monsanto de centaines de personnalités concernant leur position sur les OGM notamment.
"Après une première analyse, nous comprenons qu'un tel projet ait suscité des inquiétudes et des critiques", a écrit le groupe agro-chimique allemand, qui avait finalisé l'an dernier l'acquisition du géant américain des pesticides et des OGM. "Ce n'est pas la manière avec laquelle Bayer chercherait à dialoguer avec les différents groupes d'intérêt et la société et nous présentons en conséquence nos excuses", a-t-il ajouté en affirmant "ne tolérer aucun agissement qui soit contraire à l'éthique".
Bayer veut coopérer avec les autorités judiciaires françaises
Bayer a dans le même temps estimé ne pas voir "pour le moment" d'éléments montrant que les listes établies pour le compte de Monsanto ont enfreint la loi. Malgré tout, le groupe allemand dit vouloir charger un cabinet d'avocats d'examiner plus en détails le dossier et d'indiquer à toutes les personnes figurant sur ces fichiers controversés quelles informations ont été rassemblées les concernant. Bayer dit vouloir aussi coopérer avec les autorités judiciaires françaises.
La justice française a ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal pour le compte du géant américain Monsanto de centaines de personnalités et médias, concernant notamment leur position vis-à-vis du glyphosate, des OGM, ou leur propension à être influencés. Cette enquête fait suite à une plainte déposée par le quotidien Le Monde et un de ses journalistes, qui figurait dans les fichiers incriminés. Elle vise notamment le chef de "collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite" dans ses investigations.
74 "cibles prioritaires"
Monsanto aurait secrètement fait réaliser des listes par l'agence de communication Fleishman Hillard. Y figurent des centaines de responsables politiques, scientifiques et journalistes, pour lesquels sont indiqués entre autres leur position sur les pesticides, leur niveau de soutien à Monsanto, leurs loisirs, mais aussi leurs adresses et numéros de téléphone, selon une enquête de France 2. Un tableau met par ailleurs en lumière 74 "cibles prioritaires" divisées en quatre groupes : les "alliés", les "potentiels alliés à recruter", les personnalités "à éduquer" et celles "à surveiller".