François et Penelope Fillon sont restés lundi plus de six heures dans les locaux du Groupe d'intervention régional (GIR) de Versailles, où ils ont été entendus par la justice. L'audition du couple a porté sur l'enquête concernant l'emploi fictif présumé de l'épouse du candidat à la présidentielle, qui a perçu environ 500.000 euros bruts en tant qu'assistante parlementaire de son époux puis de son suppléant, entre 1998 et 2007, puis en 2012. Le parquet national financier doit déterminer si Penelope Fillon a fourni des prestations en échange de ce salaire.
"Éléments utiles". Quelques minutes après la fin des deux auditions, effectuées séparément, l'équipe de campagne du candidat LR a publié un communiqué. "Comme il l'avait souhaité dès l'ouverture de l'enquête, François Fillon a été entendu, ainsi que son épouse à la demande du Parquet national financier par les enquêteurs de l'OCLCIFF (l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, ndlr)", peut-on lire. "Tous deux ont pu apporter des éléments utiles à la manifestation de la vérité afin d'établir le travail réalisé par Mme Fillon." Un peu plus tard dans la soirée, l'avocat de François Fillon, Antonin Lévy, a ajouté sur BFMTV que des "envois supplémentaires d'éléments" étaient prévus.
Convoqués à Versailles. Ces auditions auraient dû avoir lieu à Nanterre, au siège de l'Office central de la lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), saisi des investigations. Mais selon Europe 1, pour éviter au couple d'être assailli par une nuée de caméras et de photographes, les enquêteurs ont convoqué François et Penelope Fillon dans d'autres locaux plus discrets de la direction centrale de la police judiciaire. Les époux sont arrivés dans les locaux du GIR de Versailles vers 15 heures, dans deux voitures distinctes, après avoir pris soin de ne pas quitter leur domicile séparément.
Interrogés comme témoins. François et Penelope Fillon ont été interrogés séparément, sous le statut de témoin : aucun d'entre eux n'a pour l'instant été placé en garde à vue. Francois Fillon est ressorti un peu après 21h. Le candidat LR à l'élection présidentielle étant député, il bénéficie en outre de l'immunité parlementaire. Le bureau de l'Assemblée nationale doit donc être consulté avant tout placement en garde à vue.
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Un traitement "express". Le court délai - six jours - entre l'éclatement de l'"affaire Fillon" et ces auditions fait figure de première dans un dossier politico-financier de cette ampleur. Mais cette rapidité s'explique par le contexte très particulier dans lequel s'inscrit le dossier, l'un de ses principaux protagonistes étant candidat à l'élection présidentielle, dont le premier tour a lieu dans trois mois. Les magistrats souhaitent purger ce dossier au plus vite, et pourraient convoquer à nouveau les époux Fillon si les vérifications suivant ces premières auditions faisaient apparaître des éléments à charge.
Marc Ladreit de Lacharrière entendu lui aussi. Le propriétaire de la Revue des Deux Mondes, Marc Ladreit de Lacharrière, a également été entendu par la police. En effet, l'enquête porte également sur le travail de Penelope Fillon au sein de la revue, rémunéré 5.000 euros bruts mensuels entre mai 2012 et décembre 2013, sous le pseudonyme "Pauline Camille". Dans les colonnes du Canard Enchaîné, qui a révélé l'affaire, l'ancien directeur de la publication Michel Crépu affirmait que l'épouse du candidat LR avait "bien signé deux, ou peut-être trois notes de lecture", mais sans effectuer "ce qui pourrait ressembler à un travail de conseiller littéraire". Lundi, Marc Ladreit de Lacharière a confirmé avoir versé 5000 euros par mois à Pénélope Fillon pour une "mission de réflexion stratégique informelle".
Le silence du suppléant de Fillon. En toute logique, les enquêteurs devraient rapidement interroger l'autre employeur de Penelope Fillon, le suppléant de son mari, l'ancien député de la Sarthe, Marc Joulaud, aujourd'hui maire de Sablé. C'est lui qui a versé les plus gros salaires, entre 2002 et 2007. Depuis une semaine, il n'a fait aucune déclaration publique, sauf pour dire qu'il se tenait à la disposition de la justice.