L'ancien Premier ministre François Fillon, son épouse Penelope et son ex-suppléant Marc Joulaud devraient bientôt se retrouver au tribunal. Une nouvelle étape vers un procès a été franchie, indique Le Monde, mardi. Selon le journal, les juges d'instruction chargés de l'enquête ont rendu une ordonnance demandant le renvoi devant le tribunal correctionnel de ces trois protagonistes, vendredi dernier. L'information a été confirmée par une source judiciaire à l'AFP.
Un renvoi conforme aux réquisitions du PNF. Les juges d'instruction suivent donc le parquet national financier (PNF), qui avait requis un procès pour le couple en janvier. D'après les informations du Monde, François Fillon est renvoyé pour "détournement de fonds publics, recel de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et manquement aux obligations déclaratives de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique", son épouse pour "complicité et recel de détournement de fonds publics et recel d'abus de biens sociaux" et Marc Joulaud pour "détournement de fonds publics".
Cette ordonnance de renvoi intervient plus de deux ans après les premières révélations du Canard enchaîné visant François Fillon, alors candidat à l'élection présidentielle, en janvier 2017. Au cœur du dossier : les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants - non mis en examen, eux - lorsqu'ils étaient ses assistants parlementaires. Penelope Fillon a également occupé ce poste auprès de Marc Joulaud, suppléant parlementaire de son époux.
Des documents qui "ne démontrent rien" pour les juges. D'après Le Monde, le montant des sommes ainsi détournées s'élève à plus d'un million d'euros, pour des faits allant de 1981 à 2013. Les documents fournis par les avocats du couple pour convaincre les juges de la réalité du travail de Penelope Fillon auprès de son mari "ne démontraient rien, ou confirmaient l'abus de langage consistant à qualifier de travail de collaborateur parlementaire la plus anodine de ses activités", estiment les magistrats dans leur ordonnance.
Quant à l'emploi de l'épouse de l'ex-Premier ministre auprès de Marc Joulaud lorsqu'il a succédé à François Fillon à l'Assemblée nationale, les juges estiment que "rien ne signalait sa participation aux activités qui auraient dû être au cœur de son emploi de collaborateur parlementaire". "Elle n'était pas en copie des courriels échangés pour l'organisation des visites de Sarthois à l'Assemblée nationale et semblait totalement étrangère au traitement des demandes d'interventions locales adressées au député."
Une "nouvelle violation du secret de l'instruction" pour la défense. Antonin Lévy, l'avocat de l'ancien Premier ministre, a regretté auprès de l'AFP que l'ordonnance de renvoi ait été transmise "à la presse avant même qu'elle n'ait été notifiée à Monsieur Fillon et à sa défense". "Cela démontre l'état d'esprit dans lequel toute cette enquête a été conduite et nous réagirons sur le fond quand nous aurons pu prendre connaissance de ce document", a-t-il commenté. Pour Pierre Cornut-Gentille, avocat de Penelope Fillon, "cela caractérise une nouvelle violation du secret de l'instruction".