Le parquet national financier a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour François Fillon et son épouse Penelope dans l'affaire des emplois présumés fictifs de cette dernière et des enfants du couple, a-t-on appris vendredi, confirmant une information du Monde. Il revient désormais au juge d'instruction de décider de renvoyer, ou non, en correctionnelle l'ex-candidat de la droite à la présidentielle de 2017, son épouse, ainsi que son ancien suppléant parlementaire Marc Joulaud, également mis en examen dans cette enquête.
Si le magistrat suit les réquisitions du PNF, un procès ne pourrait toutefois pas se tenir avant plusieurs mois en raison des délais inhérents au calendrier judiciaire. "Je ne souhaite pas réagir sur un document dont je n'ai pas encore eu connaissance à cette heure", a réagi Me Antonin Lévy, avocat de François Fillon.
Près de deux ans d'investigations. Le PNF avait ouvert une enquête après des révélations du Canard enchaîné, le 25 janvier 2017, qui se sont révélées fatales pour la candidature de François Fillon, éliminé dès le premier tour du scrutin. Au cœur du dossier, les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires. Au cours de ces investigations qui ont duré près de deux ans, François Fillon a été mis en examen pour "détournement de fonds publics", "recel et complicité d'abus de biens sociaux" et "manquement aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique". Il avait échappé en juillet 2017 à une mise en examen pour "escroquerie aggravée" et était ressorti du bureau des juges sous le statut de témoin assisté pour ces faits.
Penelope Fillon a pour sa part été mise en examen pour "complicité et recel de détournement de fonds publics", "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'escroquerie aggravée". L'ex-suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale Marc Joulaud, maire LR de Sablé-sur-Sarthe et député européen, a pour sa part été mis en examen pour "détournement de fonds publics". Les investigations portaient aussi sur les salaires - un total de 135.000 euros - touchés de mai 2012 à décembre 2013 par son épouse pour un emploi à La Revue des deux mondes.
Les salaires de Penelope Fillon passés au crible. D'après le réquisitoire du PNF, consulté par Le Monde, "aucun élément tangible ne permet de confirmer la réalité de l'activité de Penelope Fillon" en tant qu'assistante parlementaire de François Fillon, puis de son suppléant. "Aucune trace écrite ni témoignage objectif et concordant n'a pu être mis au jour" sur plus de 10 ans, est-il écrit. Le PNF souligne également que François Fillon ne pouvait ignorer "l'inconsistance de l'activité" de son épouse. Il en aurait même été complice, selon les conclusions des magistrats : Penelope Fillon a en effet bénéficié de "la rémunération la plus élevée des assistants parlementaires travaillant pour Marc Joulaud, avec un doublement de son salaire lors de la suppléance exercée par celui-ci à partir de 2002 (...) et que son salaire était supérieur à celui de son député employeur".