Le 11 août dernier, Peter Madsen était secouru par la police danoise en pleine mer, à une cinquantaine de kilomètres de Copenhague. Son sous-marin artisanal, le Nautilus, coulait brusquement dans le détroit de l'Öresund. Et la journaliste Kim Wall, à bord pour écrire un reportage sur le sulfureux inventeur, demeurait introuvable. Placé en détention, Madsen déclarait avoir déposé la jeune femme sur une île danoise après l'interview, le submersible rencontrant un problème de Ballast. Trois mois plus tard et alors que le corps démembré de Kim Wall a été en partie retrouvé, l'ingénieur concède tout juste avoir jeté le corps à la mer après un "accident". Mais pour les enquêteurs, l'homme a cherché à réaliser un fantasme sexuel d'une extrême violence.
Des vidéos fétichistes et un "accident" peu crédible. Dans un disque dur saisi dans son atelier, la police a d'abord retrouvé des films "fétichistes", dans lesquels des femmes "réelles" étaient torturées, décapitées et brûlées. Et si l'ingénieur soutient que ces documents ne lui appartiennent pas, les similitudes entre les scénarios de ces vidéos et les indices collectés par les autorités laissent peu de place au doute : la culotte et le collant de Kim Wall ont été retrouvés respectivement dans la salle des machines et la douche du "Nautilus", l'autopsie a révélé de multiples mutilations infligées aux parties génitales de la victime et différentes parties de son corps ont été retrouvées lestées dans des sacs.
Face à ces éléments, la version de Madsen - un accident suivi d'une crise de panique qui l'aurait poussé à jeter le corps de la journaliste par dessus bord -, se heurte, elle, à plusieurs contradictions. L'homme serait monté sur le pont pour la débarquer à sa demande, le 10 août au soir, lorsque la porte d'une écoutille se serait brutalement refermée sur la tête de Kim Wall, la tuant sur le coup. Or, "aucun signe de fracture" ou de "violence brutale" n'a été identifié sur le crâne de la jeune femme, découvert par des plongeurs vendredi.
Une préméditation, et un précédent ? Le témoignage d'un homme qui a vu Madsen juste avant qu'il n'embarque sur le "Nautilus", vient également mettre à mal la thèse de l'accident. Ce dernier affirme qu'une scie de la même marque que le ruban adhésif utilisé pour lester le corps dépassait du sac de l'inventeur. Des morceaux de métal comparables à ceux utilisés pour lester les restes humains ont aussi été retrouvés dans l'atelier du quadragénaire.
Autant d'indices qui poussent les enquêteurs à retenir la thèse de la préméditation… et à rouvrir d'anciens dossiers. Samedi, la police a annoncé réexaminer l'affaire non résolue du meurtre d'une touriste japonaise, dont le corps mutilé avait été découvert dans le port de Copenhague en 1986. Les jambes de Kazuko Toyonaga, 22 ans, avaient été retrouvées dans un sac en plastique flottant dans les eaux. Elles étaient lestées d'une pièce de métal.