Les déchets industriels dangereux enterrés dans le centre de stockage de Stocamine à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin, resteront enfouis, selon un document du ministère de la Transition écologique dont l'AFP a obtenu copie lundi. "Compte tenu des enjeux, de la balance des risques" et du "surcoût" lié au déstockage, "la solution la plus adaptée demeure la poursuite du chantier de confinement des déchets restants, sans déstockage supplémentaire", indique le document adressé aux députés, auteurs d'un rapport parlementaire qui préconisait, au contraire, l'évacuation de plus de 40.000 tonnes de déchets dangereux non radioactifs.
"La poursuite du déstockage présenterait (...) des risques qui apparaissent plus graves que la poursuite du confinement déjà prévu, sans être assurée d'être menée à bien", indique de son côté la préfecture du Haut-Rhin dans un communiqué.
Les auteurs d'un rapport parlementaire critiquent une "décision brutale". L'un des coauteurs du rapport parlementaire qui préconisait l'extraction des déchets, le député La République en Marche (LREM) du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, a condamné "sans réserve" cette décision prise sans aucune concertation, qui "va à l'encontre de l'esprit du Grand Débat national". "Je désapprouve vivement cette décision brutale", a renchéri l'autre rédacteur du rapport, le député Les Républicains (LR) du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger.
L'État a pris "la pire des décisions", a tempêté dans un communiqué Loïc Minery, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Alsace, qualifiant le site de Wittelsheim, près de Mulhouse, de "poubelle toxique de l'Alsace".
Un déstockage réclamé par les élus locaux et les associations environnementales. Ouvert en 1999 sur le site d'une ancienne mine de potasse, Stocamine devait contenir 320.000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs (de classe 1 et 0). Mais un incendie en 2002 a stoppé de fait son activité. Depuis, la polémique était incessante sur le devenir des 44.000 tonnes de déchets qui avaient déjà été enfouies à 500 mètres sous terre, du fait de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques potentiels de pollution de la nappe phréatique d'Alsace.
Le déstockage des déchets était réclamé par les élus locaux et les associations environnementales, mais en mars 2017, l'État avait opté pour la solution opposée du confinement définitif d'environ 42.000 tonnes de déchets. Les 2.200 tonnes restantes contenant notamment du mercure devaient être extraites. Un an plus tard, en avril 2018, le ministre de la Transition écologique de l'époque, Nicolas Hulot, avait néanmoins demandé une "étude sur la faisabilité d'un déstockage intégral des déchets", à l'exception du bloc où avait eu lieu en 2002 un incendie qui avait de fait stoppé l'activité du site.