Tout le monde a déjà vu ces radiants électriques qui rougeoient au-dessus de la tête des clients. Pour garder leurs terrasses au chaud en hiver, de nombreux bars, restaurants et cafés installent des chauffages électriques. Une solution peut-être efficace mais complètement anti-écolo : selon Négawatt, une seule terrasse ainsi équipée consomme autant d'énergie que les ordinateurs, la télévision et le lave-linge d'une quinzaine de foyers par an. Plusieurs villes ont donc décidé de les interdire. Après Thonon et Evian, c'est désormais Rennes qui franchit le pas à partir du 1er janvier.
"C'est scandaleux d'utiliser autant d'énergie"
Mais ce n'est pas du tout du goût d'une cliente croisée dans la préfecture bretonne. "C'est catastrophique pour les fumeurs", juge-t-elle. "Quand il fait froid, les gens sont contents de prendre l'air." Un jeune homme trouve lui, au contraire, que c'est "une super idée". "C'est absolument scandaleux d'utiliser autant d'énergie pour chauffer, en plus on sait très bien que la chaleur s'en va directement."
Du côté des patrons aussi, le débat fait rage. Richard tient un restaurant rue Saint-Georges et craint une baisse de son chiffre d'affaires. "Sans chauffage, ce ne sera plus la même chose. On va avoir un manque à gagner." Et le restaurateur de prédire : "Ce qui va se passer, c'est comme d'habitude : le manque à gagner sera récupéré via une augmentation des prix. Tout cela, c'est donc le consommateur qui va le payer."
"Les gens s'habitueront"
Certains ont pourtant déjà anticipé. La terrasse du bar de Mickaël n'est plus chauffée depuis plusieurs mois. "On voulait se mettre aux normes à l'avance. On distribue des plaids", raconte-t-il. "On sent qu'il y a un peu moins de monde quand même. C'est vrai qu'avec les chauffages, [la terrasse] était pleine avant. Certains se plaignent mais on explique et ils se rendent compte. Les gens s'habitueront."
Subsiste une inquiétude pour Mickaël :"Ce que je crains un peu plus, c'est la prochaine étape, qui serait d'interdire les barnums et les bâches." Une interdiction cette fois-ci pour des raisons esthétiques, prévue d'ici à deux ans.