Il était simplement venu "prendre le pouls de la communauté catholique". Dimanche, quelques jours après l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, un correspondant local du journal Ouest-France était venu assister à la messe dans la commune de Châteaubriant, en Loire-Atlantique.
Encadré par deux gendarmes. La veille, ce Franco-marocain de 46 ans avait même interviewé le prêtre de la paroisse. Pour ne pas déranger les fidèles, le correspondant de presse se tient au fond de l'église, muni d'un sac et de son casque, raconte Ouest-France dans son édition du 2 août. C'est alors que deux gendarmes se présentent face à lui et l'obligent à les suivre à l'extérieur, "à la vue de tous".
Le localier "pardonne". Après quelques questions, le malentendu est rapidement dissipé. Les gendarmes se confondent en excuses et l'homme peut à nouveau pénétrer dans l'église. Le collaborateur de Ouest-France apprend finalement que c'est un fidèle qui a téléphoné à la gendarmerie pour dénoncer la présence d'un homme suspect dans l'édifice religieux. Si cette scène l'a attristé, le correspondant local "pardonne". "La peur n’est pas quelque chose de raisonné. Ce qui s’est passé servira peut-être de leçon et permettra à chacun d’être plus prudent et moins jugeant afin que ça ne se reproduise plus", confie-t-il à Ouest-France.
Le prêtre demande "pardon". Sur son site Internet, le prêtre de la paroisse, le père Patrice Eon, a tenu à apaiser et à raisonner. "Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau qui entre dans notre assemblée sous prétexte que nous ne le connaissons pas ?", s'interroge-t-il. "Je sais que le climat est à la peur, mais justement, parce que le climat est à la peur, il faut raison garder ! [...] Au nom de toute la communauté chrétienne, je demande pardon au correspondant local d’Ouest-France pour ce qu’il lui est arrivé dimanche".