Tariq Ramadan, mis en examen pour des soupçons de viols sur deux femmes, a obtenu jeudi sa mise en liberté sous conditions, a-t-on appris auprès de ses avocats. Devant la cour d'appel de Paris, il avait fait sa première apparition publique depuis son incarcération.
Tariq Ramadan doit verser 300.000 euros de caution, somme qu’avait proposée son avocat, et a l'interdiction de quitter le territoire. Il doit remettre son passeport suisse à la justice, pointer au commissariat toutes les semaines et a interdiction d'entrer en contact avec les parties civiles, a annoncé son avocat.
Tariq #Ramadan doit verser 300.000€ de caution, somme qu’avait proposée son avocat, à interdiction de quitter le territoire. Il doit remettre son passeport à la justice, pointer au commissariat toutes les semaines et a interdiction d'entrer en contact avec les parties civiles.
— Salomé Legrand (@Salome_L) 15 novembre 2018
"Je vais rester en France et défendre mon honneur". "J'irais fuir où ? Alors que tout va vers mon innocence (...) Je vais rester en France et défendre mon honneur et mon innocence", avait déclaré depuis le box l'islamologue suisse de 56 ans pour tenter de convaincre la chambre de l'instruction de faire droit à sa quatrième demande de mise en liberté. Celle-ci avait été rejetée la semaine dernière par les juges qui craignent notamment des "risques de pression" sur les deux femmes dont les plaintes ont lancé l'affaire à l'automne 2017 et débouché sur la double mise en examen de Tariq Ramadan le 2 février.
La défense avait fait appel du rejet de cette demande, déposée dans la foulée d'une nouvelle audition où l'islamologue avait admis des relations sexuelles "consenties" avec ses accusatrices. Jeudi, l'intellectuel s'est exprimé pendant une vingtaine de minutes lors de l'audience.
"On m'a diabolisé dans ce pays". "Je voudrais que vous décidiez en votre âme et conscience, non pas parce que je m'appelle Tariq Ramadan et qu'on m'a diabolisé dans ce pays", avait-il lancé aux juges. "Je veux bien qu'on me reproche d'avoir menti pour protéger ma famille, ma fille qui est dans la salle. Mais qui a menti le plus ? Qui a instrumentalisé le mouvement #MeToo ?", s'est défendu Tariq Ramadan, accusant ses accusatrices de se répandre dans les médias.
Le parquet général avait invoqué le "risque de pression sur les plaignantes". Lors de l'audience, les avocats de la défense et des deux plaignantes se sont renvoyé les accusations de menaces sur les protagonistes du dossier et leur entourage. "Je viens de passer dix mois en prison, je suis innocent, je le paye de ma santé, je ne peux plus marcher normalement", a plaidé Tariq Ramadan, qui souffre d'une sclérose en plaques.
Invoquant le "risque de pression sur les plaignantes et les témoins", le parquet général avait requis le rejet de la demande.
"Le combat continue". Me Eric Morain, l'avocat de Christelle, l’une des plaignantes, a assuré à Europe 1 que "le combat" de sa cliente "continue". "Le dossier n’a jamais été aussi solide qu’aujourd’hui concernant ma cliente. Il est évident que les aveux de Tariq Ramadan revenant sur 9 mois de mensonges ont joué dans la décision. De notre côté, le combat continue". "Marie", la 3ème plaignante, a pour sa part indiqué qu'elle va "se concentrer" sur sa défense. "Le fait qu’il soit sorti ne le rend pas innocent de ce qu’il a fait, mais je comprends qu’on l’ai laissé sortir, surtout avec toutes les versions et incohérences qu’il y a eu depuis le début. Chacun va pouvoir se concentrer sur sa propre défense", a-t-elle réagi auprès d'Europe 1.