TikTok, décidemment dans l'œil du cyclone. Le réseau social chinois, que d'aucuns décrivent comme un outil d'espionnage au profit de la Chine, vient d'être proscrit des téléphones portables professionnels de tous les fonctionnaires d'État français. Une mesure portée par Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, saluée par sa collègue Charlotte Caubel. Sur Twitter, la secrétaire d'État chargée de l'Enfance a même suggéré "l’élargissement de cette interdiction aux enfants".
Je salue la décision de @StanGuerini d’interdire certaines applications dont TikTok sur les téléphones des fonctionnaires d'État. Demain, il conviendra de nous interroger sur l’élargissement de cette interdiction aux enfants.
— Charlotte Caubel (@CharlotteCaubel) March 24, 2023
"Algorithmes addictifs, incitation à l’automutilation, surexposition aux écrans, contenus inadaptés, risques pour les données personnelles, cyberharcèlement, désinformation… les risques sont nombreux pour les enfants", a-t-elle poursuivi en réponse à son premier tweet. En septembre dernier, une étude menée par la société NewsGuard alertait sur un niveau préoccupant de "désinformation" sur la plateforme plébiscitée par les adolescents. Il en ressortait notamment que 20% des vidéos obtenues, via une recherche sur divers sujets d'actualité allant de la guerre en Ukraine à la crise sanitaire, se révélaient tout simplement fausses ou trompeuses.
Des défis parfois dangereux
Au mois de décembre, c'est Irène Cristofori, neuroscientifique au CNRS, qui tirait la sonnette d'alarme dans les colonnes du Parisien. "Le cortex préfrontal, à l’avant du cerveau, se développe plus tardivement, avec une maturation complète à la fin de l’adolescence. L’utilisation sans limite de TikTok vient perturber un système en cours d’acquisition avec des effets très négatifs et dramatiques sur le long terme (...) Les réseaux sociaux, contrairement à un film ou à un manga, n’ont pas de fin. L’enfant aura du mal à poser des limites", indiquait-elle.
Le réseau social chinois est également le théâtre de nombreux défis loufoques que les adolescents se lancent entre eux. Et qui peuvent s'avérer dangereux pour certains. Au Royaume-Uni, un jeune garçon prénommé Archie, est décédé l'été dernier à l'âge de 12 ans après avoir participé au Blackout Challenge sur TikTok. Le but du jeu consistait à retenir sa respiration le plus longtemps possible. Retrouvé inanimé puis placé dans le coma, le jeune Archie n'a pas survécu. Plus récemment, en février dernier, une tendance poussait les jeunes à se pincer la joue avec deux doigts de façon à faire apparaître une cicatrice. Si ce drôle de défi ne présentait pas de risques majeurs pour la santé, il pouvait toutefois être à l'origine d'angiomes stellaires, autrement dit une tache rouge née de la dilatation de plusieurs vaisseaux sanguins.
Une loi sur la "majorité numérique" bientôt examinée
Le mois dernier, la Commission européenne avait déjà pris le taureau par les cornes en interdisant TikTok sur les appareils professionnels de ses collaborateurs. Les gouvernements canadiens, britanniques ainsi que la Maison Blanche ont également pris des dispositions similaires. En France, le Sénat doit examiner une proposition de loi sur la "majorité numérique" qui vise à conditionner l'utilisation des réseaux sociaux à une autorisation parentale. Le patron de la plateforme Shou Zi Chew s'est de son côté expliqué jeudi devant le Congrès américain et a admis que TikTok possédait encore certaines données d'utilisateurs américains. "Aujourd'hui, il y a encore des données que nous devons supprimer", a-t-il reconnu.