Elle mesure 324 mètres de hauteur, pèse 7.300 tonnes et attire chaque année plus de sept millions de visiteurs : la Tour Eiffel, vivement contestée à sa construction, est devenue le symbole incontournable de Paris, qui fête son 130e anniversaire cette année. Pour célébrer son ouverture au public, le 15 mai 1889, l'Hôtel de Ville invite mercredi 1.300 enfants à découvrir le monument et écrire une carte postale dans le cadre du Festival "Paris'écrit". Après un concert gratuit dès 20h30 de Jeanne Added, la maire PS de Paris Anne Hidalgo donnera le coup d'envoi d'un spectacle lumineux à 22 heures qui sera joué toutes les heures jusqu'à minuit, mercredi, jeudi et vendredi.
>> Dans "Le Tour de la question", mercredi sur Europe 1, Wendy Bouchard et ses invités se penchent sur trois anecdotes que vous ignoriez peut-être sur la Dame de fer.
Guy de Maupassant, grand détracteur de la Tour
Celle qui est aujourd'hui célébrée dans le monde entier, propriété de la Ville de Paris, n'a pas toujours été aimée : sa construction s'était accompagnée d'une "polémique énorme, de plaintes et pétitions" d'opposants, rappelle l'adjoint chargé de la culture à la mairie de Paris, Christophe Girard. C'est à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1889, qui marquait le centenaire de la Révolution française, qu'un grand concours est lancé, remporté par l'industriel Gustave Eiffel. Et ce, au grand dam de nombreux artistes de l'époque, dont l'écrivain Guy de Maupassant.
Ensemble, ces artistes ont même cosigné une pétition en première page du plus grand journal de l'époque, Le Temps, "pour protester contre le caractère industriel de la tour, et qui contraste avec ce Paris plutôt horizontal, plutôt blanc, et qui vient de se transformer en profondeur depuis Haussmann et le Second Empire", explique Bertrand Lemoine, architecte, ingénieur et historien, spécialiste de la tour Eiffel à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages.
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"Gustave Eiffel va leur répondre lui-même en leur disant : 'Je ne prétends pas faire de l'art, je prétends simplement construire une forme, une structure adaptée aux calculs, qui est rationnellement pensée", rappelle Bertrand Lemoine.
Il n'empêche que Guy de Maupassant va continuer d'exprimer tout son dégoût pour l'édifice. Dans La Vie errante, publié en 1890, il décrit la Tour Eiffel comme une "haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine." On a connu plus élogieux.
La Tour Eiffel a changé plusieurs fois de couleur
La Tour Eiffel n'a pas toujours été peinte en marron glacé comme aujourd'hui. Elle a, par le passé, arboré une couleur rouge, ou encore une couleur jaune. "La Tour Eiffel est repeinte tous les sept ans en moyenne. Donc elle a été repeinte déjà 17 ou 18 fois", explique Bertrand Lemoine. "Sa couleur d'origine était beaucoup plus rouge, car c'était la couleur de la protection contre la corrosion. La Tour étant en fer, elle a besoin d'être protégée contre les intempéries pour ne pas rouiller", poursuit l'expert.
Finalement, couche après couche, c'est ce marron glacé qui a été retenu. "Il y a d'ailleurs trois nuances de marron, de plus en plus clair jusqu'au sommet. C'est assez subtil", note Bertrand Lemoine. Cette couleur est désormais "canonique, et on imaginerait mal la Tour Eiffel repeinte en rouge."
La Tour attire la foudre
On a tous vu des photos de la foudre frapper la Tour Eiffel. Les clichés sont tous plus spectaculaires les uns que les autres. Mais le phénomène n'est pas si rare. "La foudre tombe à peu près dix fois par an sur la tour. Alors que pour n'importe quel autre bâtiment à Paris, la foudre tombe une fois tous les 800 ans", nous apprend Savin Yeatman-Eiffel, arrière-arrière-arrière petit-fils de Gustave Eiffel, au micro d'Europe 1. "C'est assez impressionnant. Mais les paratonnerres la protègent. Ainsi que ceux qui sont à l'intérieur. Il n'y a jamais eu d'accident lié à la foudre."
Le photographe Bertrand Kulik s'est fait comme spécialité de photographier ces scènes fugaces et extraordinaires. Vous pouvez consulter son travail ici.