Ceetrus, une filiale d'Auchan dédiée à l'immobilier, a été choisie par la SNCF pour moderniser la gare du Nord dans l'optique des Jeux olympiques de 2024. Le préfet d’Île-de-France, Michel Cadot, a délivré le permis de construire le 6 juillet et les travaux devraient débuter cet été. Mais la Mairie de Paris, tout comme les habitants du quartier, sont fermement opposés à ce projet et sont prêts à tout pour le ralentir.
L'idée générale du projet est de moderniser la gare du Nord, la première d'Europe en termes de voyageurs. Ils sont quelque 750.000 par jour à y passer pour prendre le métro, le train ou l'Eurostar. Un coup de neuf, mais surtout un agrandissement, sont donc nécessaires. Avec le projet présenté par la SNCF et Ceetrus, la surface devrait pratiquement doubler, plusieurs étages seront construits et une surface de 20.000 mètres carrés sera dédiée aux boutiques, restaurants et bureaux. Un centre commercial de grande ampleur qui pose problème.
Des actions de désobéissances civiles pour ralentir les travaux ?
Car à la manière d’un aéroport, il faudra traverser cet espace shopping pour prendre le train. La direction du projet tempère : l’accès aux quais sera "amélioré". Mais pour Serge Rémy, à la tête d’un collectif d’habitants du quartier, le constructeur ne défend que ses intérêts économiques. "Irez-vous acheter votre pain dans la gare avant de rentrer chez vous ? Quelque chose ne convient pas."
"L'aspiration des habitants est d'avoir des commerces de proximité, conviviaux. Ils doivent permettre de recréer du lien", poursuit Serge Rémy, alors que certains habitants n’excluent pas des actions de désobéissance civile pour ralentir les travaux.
"Faire les poches des voyageurs"
La Ville de Paris, elle aussi, s’oppose à cette future rénovation. Pour la maire du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard, il s'agit de tout sauf d'une histoire de modernisation de gare. "C'est un projet de densification commerciale énorme qui a vocation à faire les poches des voyageurs du quotidien et internationaux. Les travaux ne vont corriger qu'à la marge les conditions de transport des voyageurs", alerte l'élue soulignant que "70% des 750.000 personnes qui empruntent la Gare du Nord", le font quotidiennement.
Alors que les premières pelleteuses sont attendues cet été, la SNCF, qui économise 600 millions d’euros dans l’affaire, reste muette.