Trois accusateurs du "psy de l'Église" Tony Anatrella, soupçonné d'abus sexuels sur de jeunes hommes, ont "encouragé" l'archevêque de Paris à "aller plus loin" dans la sanction de ce prêtre et thérapeute, selon un communiqué transmis mercredi par leur avocate. Tony Anatrella, 77 ans, a été interdit la semaine dernière de tout ministère, confession ou activité thérapeutique par l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, en vertu d'une "réprimande" prévue par le droit canonique.
Un recours suspensif déposé. En réponse, les avocats du prêtre ont déposé un recours suspensif contre cette décision, affirmant que leur client "est totalement innocent des faits" qui lui sont reprochés. Le printemps 2016 avait mis en lumière de nouvelles accusations, dix ans après de premières plaintes, à l'encontre de ce prêtre parisien soupçonné de thérapies déviantes sur de jeunes hommes dans son cabinet de psychanalyste. Trois plaintes devant la justice de la République pour "agressions sexuelles" n'avaient pas abouti, en 2008, notamment parce que les faits étaient prescrits. Plusieurs accusateurs s'étaient ensuite tournés vers la justice de l'Église.
Dossier délicat. Le père Anatrella a longtemps été bien en cour jusqu'à Rome, où ce prêtre disposant d'un titre de "Monseigneur" a été consulteur auprès de deux conseils pontificaux (famille et santé). La gestion de son dossier, dont a hérité Mgr Aupetit en arrivant à la tête de l'Église parisienne en janvier, était jugée délicate. Dans un message transmis par leur avocate, Me Nadia Debbache, trois accusateurs de Mgr Anatrella saluent le "courage" de Mgr Aupetit, tout en lui demandant "d'aller plus loin", car la procédure initiée par l'Église "n'a de sens que si elle permet aux victimes de se reconstruire".
A-t-il tiré "un profit financier" ? "Nous regrettons l'absence de reconnaissance par Tony Anatrella des faits", écrivent les trois accusateurs. "Nous en appelons donc à sa conscience, sa responsabilité et son engagement de chrétien et de prêtre consacré", poursuivent-ils, accusant le psy non seulement d'avoir abusé de leur "fragilité", mais d'en avoir "tiré un profit financier". Les trois hommes ont rédigé un "mémorandum" afin que la réprimande de Tony Anatrella soit "complétée par des mesures de réparation", "nécessaires à la reconnaissance de (leur) situation de victimes", et ont demandé que le titre honorifique de "Monseigneur" lui soit "retiré".