Trottinettes électriques, vélos, scooters en libre-service... un casse-tête pour les mairies

A Paris en roulant sur un trottoir en trottinette, vous êtes passible de 90 euros d'amende. 4:40
  • Copié
Victor Dhollande et Stephane Place, édité par Ugo Pascolo
Face à la prolifération des véhicules disponibles en libre-service dans les grandes villes, certaines municipalités ont décidé de réagir. Parmi les actions prônées par les municipalités : une redevance sur chaque véhicule, des quotas, une charte de partage de l'espace public ou une limitation de la circulation. 
ON DÉCRYPTE

On les loue en quelques secondes via son smartphone, et une fois utilisés on les pose n'importe où. Depuis plusieurs mois, il est impossible de rater les trottinettes électriques, vélos et autres scooters en libre-service sur les trottoirs des grandes villes. Une situation qui a poussé les mairies à se pencher sur la questions, alors que les élections municipales de 2020 commencent à trotter dans les têtes.

Si le Sénat doit rendre son verdict sur la loi "mobilités" le 2 avril - dont l'article 18 doit permettre aux communes d’instaurer un régime d'autorisation préalable pour les opérateurs -, la mairie de Paris a d'ores et déjà décidé d'agir, elle aussi, avant la promulgation de la loi. Le Conseil de Paris devrait ainsi adopter un système de redevance pour ces véhicules ce lundi.

Concrètement, chaque entreprise qui met 500 vélos à disposition devra s’acquitter d’une redevance de 20 euros par an et par vélo, 50 euros par trottinette et 60 euros par scooter. Avec cet argent, les mairies vont créer des emplacements dédiés pour garer ces véhicules et pour éviter surtout qu’il y en ait un peu partout sur les trottoirs. Car avec 15.000 trottinettes dans les rues de la capitale et une estimation grimpant jusqu'à 40.000 dans les prochains mois, ce sont des dizaines de plaintes que la mairie de Paris reçoit chaque jour. 

"On s'est dit que 200 trottinettes par opérateur sur l'espace public, c'est un maximum"

La capitale emboîterait ainsi le pas à Lille, pionnière de la taxe sur les véhicules en "free floating", qui demande 11 euros par trottinette, quand Strasbourg en demande 7, ou encore Toulouse dont la redevance est de 10 euros par an. Mais à Bordeaux, la municipalité a décidé d'aller encore plus loin : en plus d'une taxe, la mairie est en train de mettre au point une charte avec les opérateurs et a pris la décision de limiter le nombre de véhicules par entreprise. "On s'est dit que 200 trottinettes par opérateur sur l'espace public, c'est un maximum", confirme Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux. "On va également obtenir qu'ils s'installent dans des espaces réservés, on n'en veut pas n'importe où". 

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

De son côté, Lyon a également fait signer une charte de bonne conduite aux opérateurs avec deux obligations : brider les trottinettes à 25 km/h et autoriser la circulation aux seules pistes cyclables de la ville. Un exemple que, selon nos informations, Paris va suivre avec le même objectif de ne pas se laisser déborder par ces nouveaux véhicules. "S'ils ne veulent pas accepter les règles, cela pourra peut-être se traduire par leur disparition de l'espace public parisien", résume Christophe Najdovski, l’adjoint aux transports d'Anne Hidalgo. 

Un flou juridique persiste autour de la pratique des trottinettes

Quant aux opérateurs, ils semblent plutôt bien percevoir ces nouvelles règles qui se mettent en place. "Cela permet de formaliser ces nouvelles pratiques et de les intégrer plus complètement dans les villes", pointe par exemple Henri Capoul, le patron de Bolt, une des neuf entreprises de "free-floating" présentes à Paris.

Et pour les principaux intéressés, tant que la loi "mobilités" n'a pas été votée à l'Assemblée nationale - ce qui est prévu pour le mois de juillet -, un flou juridique persiste autour de la pratique de ces trottinettes. La mairie de Paris a tout de même anticipé en lançant il y a quelques semaines une campagne de verbalisation : il vous en coûte 90 euros de rouler à trottinette sur le trottoir, et 135 euros si vous ne payez pas dans la quinzaine. Pas d'uniformité pour le moment : les mairies hésitent entre la réglementation et l'envie de ne pas freiner ces nouveaux moyens de transports écologiques.