Il y a tout juste un an, la tempête Alex dévastait 13 communes, faisant 18 victimes. L’Etat a promis plus de 572 millions d’euros pour reconstruire les vallées. Mais le fond Barnier, qui permet à l’Etat d’acquérir à l’amiable le bien pour sa valeur vénale estimée avant la catastrophe, n’a toujours pas été mis en place. 420 maisons sont éligibles, mais beaucoup de sinistrés ne veulent pas en entendre parler. C'est le cas à Saorge, dans la vallée du Caïros.
Démêlé avec les assurances
Jacqueline Schmidt n'oubliera jamais cette nuit qui a bouleversé sa vie. "J'entendais ce bruit, c'était infernal. Une horreur. En plus, je n'avais pas de lumière, pas d'eau", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. Cette retraitée de 73 ans a longtemps vécu isolée : la route menant à son petit coin de paradis, en haut de la vallée du Caïros, a été entièrement détruite. Pour accéder à sa maison, il faut, sur de nombreux kilomètres, rouler au pas sur les cailloux.
Pour autant, pas question pour elle de quitter sa maison. "Maintenant, il faut se battre avec les assurances. Dans la maison, tout est en péril, mais je me dis que je reste chez moi. On a travaillé une vie pour avoir la propriété qu'on a et vous partez comme ça, vous laissez tout ? Non, je ne pars pas", explique Jacqueline.
Les autorités appellent à partir
Plutôt que de vendre à l'amiable sa maison à l'Etat, la retraitée préfère partager financièrement les travaux d'enrochement, estimés à 100.000 euros. Pour le préfet de la reconstruction, Xavier Pelletier, le risque pris par Jacqueline est trop grand : "C'est compliqué. Il faut se mettre à la place des sinistrés, mais à un moment donné, il ne faut pas avoir la main qui tremble parce que ce sont des vies qui sont en jeu. On sait qu'on aura à nouveau des intempéries extrêmement dévastatrices. En plus, la zone méditerranéenne est particulièrement exposée au niveau mondial." Mais Jacqueline prévient : il faudra l'enchaîner pour la faire partir.
Peur d'être de nouveau sous l'eau
Une catastrophe naturelle qui pourrait se reproduire, selon les experts. C’est la crainte d’Ange, un habitant de Tende. "Le problème c’est qu’on a peur que ça revienne à cause du réchauffement climatique", explique-t-il. "Dès qu’il pleut on commence à avoir peur."
La reconstruction progresse
"On a un bon préfet pour la reconstruction", salue Jean-Pierre Vassalo, le maire de Tende, une commune elle aussi sinistrée le 2 octobre 2020. "On est encore dans la plaie ouverte", explique l'édile, qui souligne malgré tout les progrès importants réalisés ces derniers mois. "L'année dernière, à cette époque, on ne pouvait pas imaginer qu'aujourd'hui, on aurait pu en être déjà là avec les travaux sur la route. C'est énorme ce que fait le conseil départemental", se félicite-t-il. Le préfet de la reconstruction, Xavier Pelletier, est du même avis. "C’est une reconstruction qui va très vite avec cet engagement très fort de l’État qui permettra finalement de redonner à ces vallées leur configuration normale, leur attractivité, dans des temps qui seront beaucoup plus courts", souligne-t-il.
"C'est la course contre la montre. Il ne faut pas qu'on laisse tomber la pression sur notre commune. Une cinquantaine de familles sont parties, mais ont envie de revenir. Mais tant qu'on n'a pas réalisé la protection des berges, ces gens ne sont pas autorisés à rentrer chez eux, donc il faut que ces travaux de consolidation des berges soient réalisés le plus possible pour que ces gens puissent rentrer dans leur maison", explique le maire de Tende.
Si la reconstruction progresse, l'accès à la Haute-Roya reste difficile : une quinzaine de feux alternatifs sont présents, 12 minutes d'attente environ, et plus de 2 heures de route au départ de Menton au lieu d'une trentaine de minutes en temps normal.