Un avocat mis en examen pour financement du terrorisme suspendu par le conseil de l'ordre

Justice
L'avocat est soupçonné d'avoir versé de l'argent à un intermédiaire censé exfiltrer d'Irak un djihadiste français. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Sur demande des juges d'instruction, le conseil de l'ordre a provisoirement suspendu l'avocat parisien Bruno Vinay, mis en examen pour "financement du terrorisme". 

L'avocat parisien Bruno Vinay, récemment mis en examen pour "financement du terrorisme", a été suspendu provisoirement de l'exercice de ses fonctions par le conseil de l'ordre sur demande des juges d'instruction, ont indiqué ses conseils dans un communiqué consulté dimanche.

Soupçonné d'avoir versé de l'argent à un intermédiaire censé exfiltrer d'Irak un djihadiste français. Bruno Vinay, qui a notamment défendu des djihadistes français partis rejoindre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, est soupçonné d'avoir versé de l'argent à un intermédiaire censé exfiltrer d'Irak un djihadiste français. Dans leur communiqué, les avocats de Bruno Vinay, Emmanuel Daoud et Laure Heinich, expliquent que ce dernier avait été désigné en juin 2017 par un Français, reclus avec sa femme et ses enfants à Mossoul, en Irak, qui se disait être un repenti de l'EI et "exprimait la volonté de se rendre aux autorités irakiennes, pour être jugé, en France ou en Irak". 

Selon une source proche du dossier, il s'agit de Maximilien Thibaut, un homme originaire de région parisienne et époux de Mélina Boughedir, une jeune Française condamnée en juin 2018 à Bagdad à la perpétuité pour avoir rejoint l'EI.

20.000 euros transférés à destination de la zone irako-syrienne. D'après le communiqué, Me Vinay était "en contact avec deux journalistes françaises qui proposaient de mettre leur réseau à son service, notamment leur fixeur du côté irakien". Il aurait informé le parquet antiterroriste, le consul en Irak et le magistrat de liaison de cette volonté de reddition, des courriers restés sans réponse. L'avocat "reconnaît avoir remis une somme d'argent directement en Allemagne à un contact du fixeur", poursuit le communiqué, qui souligne que "l'argent qui n'était évidemment pas destiné à l'EI, ne pouvait en aucune manière lui bénéficier, ayant précisément été remis à l'armée irakienne". Mais "l'homme n'a pas été sauvé, il est mort dans la ville assiégée".

Selon la source proche du dossier, le versement litigieux porte sur une somme de 20.000 euros collectés auprès de l'entourage du djihadiste. Ces soupçons sur des transferts d'argent à destination de la zone irako-syrienne étaient apparus dans une information judiciaire ouverte en 2017 pour "financement du terrorisme" et "abus de confiance en relation avec une entreprise terroriste", selon une autre source proche du dossier.

En septembre, l'une des journalistes citées dans le communiqué, spécialiste des affaires de djihadisme, avait été placée en garde à vue à la DGSI avant d'être remise en liberté sans faire l'objet de poursuites.