Un frère d'Adama Traoré a "regretté" mardi lors de son procès à Pontoise de s'être "jeté" sur le capitaine de gendarmerie qui avait pris la responsabilité d'annoncer à la famille la mort du jeune homme après son interpellation en juillet 2016.
"La souffrance, le deuil n'excusent pas tout", avait estimé le parquet. Yacouba Traoré, 21 ans, a été condamné à 60 jours-amendes à 10 euros pour des violences commises sur cet officier, alors commandant de la compagnie de Persan dans le Val-d'Oise, et une de ses collègues. Il a été relaxé des violences qui lui étaient reprochées à l'égard de deux autres gendarmes. Le parquet avait requis une condamnation à 90 jours-amendes à 8 euros, estimant que "la souffrance, le deuil n'excusent pas tout".
Le soir du 19 juillet 2016, le frère d'Adama, sa mère et plusieurs autres personnes s'étaient pressées devant la brigade de Persan pour avoir des nouvelles d'Adama : ils avaient entendu qu'il avait fait un malaise lors de son interpellation dans la ville voisine de Beaumont-sur-Oise. Il était en fait déjà décédé depuis plusieurs heures et les autorités, redoutant des violences, avaient fait venir des renforts.
Vers 22h, le commandant de la compagnie décide de laisser entrer le frère et la mère d'Adama. "J'ai estimé qu'une maman devait être au courant", a-t-il expliqué à l'audience. Il avait précisé pendant l'enquête que "ni l'autorité administrative ni l'autorité judiciaire ne voulaient prendre la responsabilité d'annoncer la mort".
"J'étais en état de choc". Quand il apprend la mort de son frère, Yacouba Traoré lui saute au cou qu'il enserre avec ses mains, selon les témoignages de l'officier et d'autres militaires. Les deux hommes chutent et la tête du capitaine percute le bitume. Il reçoit aussi un coup de poing. Trois jours d'incapacité totale de travail (ITT) lui seront prescrits.
"J'étais en état de choc, je me rappelle juste m'être jeté dessus", a déclaré le frère d'Adama. "Je regrette", a-t-il ajouté.
Actuellement incarcéré dans le cadre d'une enquête sur l'incendie d'un bus à Beaumont-sur-Oise en novembre 2016, Yacouba Traoré avait été condamné en mars 2017 à 18 mois de prison ferme pour avoir participé à une expédition punitive contre un ancien codétenu d'Adama qui avait porté plainte contre ce dernier pour viol.