Il y a quelques jours, Kevin, un jeune handicapé, s'était vu refuser l'entrée d'un supermarché toulousain à cause de son chien d'assistance. Mardi, ce triste scénario s'est reproduit dans les Bouches-du-Rhône, avec une femme malvoyante empêchée d'entrer dans un restaurant à cause de son chien guide.
"Ça prouve qu'on ne sert à rien". Le sentiment de valoir moins que les autres ne quitte plus Brigitte depuis qu'on a refusé à Jump, son chien guide, d'entrer dans un restaurant asiatique. Sans lui, cette malvoyante perd toute autonomie. Et la scène devant les portes de cet établissement d'Éguilles, prés d'Aix-en-Provence, qui tourne en boucle dans sa tête, le lui rappelle sans arrêt. "Je lui ai dit : 'c'est un chien guide, je vais appeler la police'. Il m'a dit : 'faites ce que vous voulez, mais vous ne rentrez pas'", raconte-t-elle auprès d'Europe 1. "On dirait qu'on ne peut plus aller quelque part. On est les déchets de la société. Parce quel'on est des handicapés, ça prouve qu'on ne sert à rien", déplore-t-elle.
Un animal autorisé par la loi. De son côté, le patron de l'établissement met en avant des conditions d'hygiènes très strictes pour justifier sa décision. Pourtant depuis la loi de 2005, les chiens guide sont autorisés dans tous les lieux ouverts au public.
Fabien, le compagnon de Brigitte, lui aussi malvoyant, ne décolère pas devant cette injustice : "Elle s'est fait pointer, comme si elle était en boîte de nuit. […] C'est comme si demain, quelqu'un de votre famille en fauteuil roulant va au resto, et qu'on lui dise : 'vous laissez le fauteuil dehors et vous marchez pour venir manger'. C'est de la discrimination pure", s'agace-t-il.
Une peine exemplaire. Le couple a porté plainte contre le patron du restaurant, et espère une sanction exemplaire pour que les personnes handicapées n'aient plus jamais le sentiment d'être des citoyens moins important que les autres.