La cathédrale de Rouen accueille ce mardi, en début d'après-midi, les obsèques solennelles du père Jacques Hamel, tout juste une semaine après son assassinat par deux djihadistes dans une église de Saint-Étienne-du-Rouvray, ville industrielle de la métropole rouennaise.
Plusieurs personnalités présentes. La cérémonie doit avoir lieu à partir de 14 heures, en présence notamment du ministre de l'Intérieur et des Cultes Bernard Cazeneuve et des autorités locales et régionales. La messe sera célébrée par l'archevêque de Rouen Mgr Dominique Lebrun, entouré de Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence des évêques de France, et de Mgr Jean-Charles Décubes, ancien archevêque de Rouen qui a pris sa retraite.
Un hommage sous haute sécurité. Plus de 2.000 personnes, à l'intérieur de la cathédrale, et des centaines à l'extérieur sont attendues. Un écran géant et des haut-parleurs seront installés sur le parvis de la cathédrale pour ceux qui n'auront pas pu entrer. Pour garantir la sécurité de la cérémonie, un dispositif spécifique a été prévu, avec fouille systématique.
"Ça va être assez émouvant parce qu’il va y avoir une grande assemblée, il y aura aussi d’autres religions présentes. Ça nous permettra d’être tous unis et de montrer qu’on est fort tous ensemble. Mais on ne pourra pas oublier…", confie une fidèle au micro d’Europe 1. "On a peur, mais il faut qu’on y aille. C’était notre prêtre, il a communié mes enfants et baptisé mon dernier fils. On doit lui rendre un dernier hommage", raconte une autre paroissienne.
Une cérémonie sous le signe de la réconciliation. Symbole fort de cette cérémonie, le cercueil du père Hamel entrera par la porte du Pardon et de la Miséricorde. "L’étole du père Hamel, signe de sa vie donnée comme prêtre, sera mise sur la croix du Christ, dans le chœur de la cathédrale, signe que, comme Jésus, il a donné sa vie, d’une manière qu’il n’a pas choisie, mais bien réelle…", détaille Philippe Maheut, vicaire général de l’archidiocèse de Rouen.
À l'issue de la cérémonie, le prêtre sera inhumé "dans la plus stricte intimité familiale", a indiqué le diocèse de Rouen qui reste muet sur le lieu. Ce ne sera pas Saint-Étienne-du-Rouvray. Le père Hamel, prêtre discret durant son long sacerdoce d'une soixantaine d'années, et désormais mondialement connu, a été égorgé dans sa 86ème année alors qu'il célébrait une messe matinale pour cinq fidèles, trois religieuses et un couple d'octogénaires dont l'homme a été grièvement blessé à la gorge et au thorax par les terroristes.
Mobilisation de la communauté musulmane. La mort du prêtre, donnée avec sang-froid à l'arme blanche par deux jeunes djihadistes de 19 ans, se réclamant du groupe État islamique (EI), a causé un émoi international parmi les chrétiens et les non chrétiens. De nombreux musulmans en France et ailleurs se sont déclarés horrifiés par cet "acte barbare". En réaction, des scènes touchantes de fraternisation ont eu lieu un peu partout dimanche en France, lors de messes dominicales auxquelles les musulmans avaient été conviés.
Ce mardi, Mohamed Karabila, imam de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray sera assis au premier rang dans la cathédrale de Rouen. "Les musulmans français partagent les mêmes bonheurs et les mêmes malheurs que les autres citoyens du pays. C’est pour cela qu’il est important que l’on soit tous ensemble", explique Bachar El Sayadi, président de l’Union des Musulmans de Rouen, qui a lancé un appel aux dons pour la famille de Jacques Hamel.
L’inhumation d’Adel K.
Craignant que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage ou de vandalisme, la mairie n’a pas encore délivré de permis d’inhumation pour le terroriste originaire de Saint-Étienne-du-Rouvray, Adel K. Si elle devait le faire, le corps serait enterré dans l’un des deux carrés musulmans de la ville, une idée qui révulse certains membres de la communauté. "Étant donné que c’est un terroriste qui nous a fait beaucoup de tort, il ne mérite aucun respect", explique Mohamed Karabila, imam de la mosquée de Saint-Étienne du Rouvray. "En revanche, sa dépouille doit reposer quelque part. Il n’y aura pas de représentant officiel à la cérémonie, s’il y en a une, ni de prière à la mosquée, mais au cimetière. Si le maire donne l’autorisation, on souhaiterait une tombe sans inscription dessus", ajoute le responsable religieux. La famille n’a pas encore exprimé ses intentions. Une réunion est prévue avec la préfecture pour résoudre ce casse-tête, mais il est possible qu’une autre commune de France accueille la dépouille.