Une levée du confinement à Noël ? "Il ne faut pas qu'on mente aux Français"
Invité d'Europe Soir, le professeur Gilbert Deray, chef de service à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, estime qu'il est pratiquement impossible que Noël et les fêtes de fin d'année se déroulent normalement. Et quand bien même la situation sanitaire s'améliorerait, il "serait dangereux de reprendre une activité normale".
Noël survivra-t-il au coronavirus si les restrictions sont durcies ? À la veille d'une nouvelle prise de parole du Premier ministre Jean Castex sur la situation sanitaire, c'est en tout cas, selon les informations d'Europe 1, la stratégie imaginée par le gouvernement . Mais pour le professeur Gilbert Deray, les dés sont déjà jetés. "Il ne faut pas qu'on mente aux Français", lance-t-il au micro d'Europe Soir. Pour le chef de service de néphrologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, "on ne pourra pas lever le couvercle, sinon ça va récidiver".
Noël déjà passé à la trappe ?
"L'honnêteté est de dire qu'il est très peu probable que d'ici à la fin décembre nous soyons dans une situation complètement réglée", renchérit le professeur. "Et même si on descendait à moins de 5.000 cas de coronavirus détectés par jour [l'objectif affiché par le gouvernement, ndlr] ce serait dangereux de reprendre une activité normale." Pour rappel, le dernier bilan du coronavirus disponible fait état de plus de 22.000 nouveaux cas en 24 heures.
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Prudence sur les chiffres de l'épidémie
Pourtant, le taux de reproduction du virus, c'est-à-dire le nombre moyen de cas provoqués par une seule personne contagieuse, est en baisse : il est actuellement de 0,93, selon l'application gouvernementale Tous Anti-Covid . Mais face à ce qui semble être une bonne nouvelle, le professeur Gilbert Deray appelle à la prudence. "Ce chiffre est une extrapolation, je nous engage à faire très attention. En dehors des chiffres des hospitalisations et des réanimations, les autres (taux d'incidence, nombre de cas par jour...) sont sujets à problème", estime le spécialiste.
Par exemple : "les résultats positifs aux tests antigéniques ne rentrent pas dans les comptes du nombre de cas détectés par jour", pointe-t-il. Pour y avoir plus clair, Gilbert Deray estime qu'un temps d'analyse est nécessaire. "Donnons-nous une semaine de recul, je ne suis pas du tout sûr que le R0 soit inférieur à 1."
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Rouvrir des commerces plutôt que déconfiner
Dans ce contexte, le chef de service souhaite de l'honnêteté de la part de Jean Castex, lors de sa prise de parole prévue jeudi à 18 heures. "J'attends que l'on dise les choses, que ce soit clair, net, précis. Qu'on nous annonce la réalité des faits."
Conscient du constat qu'il dresse et de l'impact que cela peut avoir sur le Noël de millions de Français, Gilbert Deray indique être "extrêmement sensible à la crise économique, sociétale et au Noël en famille". Mais "en tant que citoyen", il souhaite "en priorité que l'on commence à rouvrir des commerces, donc à sauver des vies, plutôt que de recommencer faire ce qu'on a fait cet été". C'est-à-dire "des fêtes et des mariages".